La récente décision du TAS qui a levé l'interdiction européenne de Manchester City a généré plusieurs controverses et débats sur le fair-play financier (FPF). Nous vous livrons un examen des arguments entourant le FPF. Ce qui suit est traduit d'un article anglais. Ceci explique pourquoi les exemples se focalisent principalement sur des clubs anglais (so british...).
Introduction
Blackburn Rovers a soulevé la FA Cup en 1884. Cependant, cette compétition fut remarquable pour deux raisons très importantes. La première, une vague de disqualifications a gâché cette FA Cup, avec Preston North End, une équipe de premier plan de l'époque, et Accrington se faisant remarquer par la FA pour avoir offert des incitations financières à leurs joueurs (!). La réaction et le débat qui ont suivi ont vu la légalisation du professionnalisme dans le football et cela a ouvert une boîte de Pandore qui semble influencer le football même 130 ans plus tard. Avec le professionnalisme, est venu l'argent et, comme beaucoup d'autres aspects de la vie, la capacité de réussir dans le football avait tendance à devenir une fonction d'investissement monétaire. Ce qui nous amène à nos jours et à la querelle constante entre les supporters, les clubs et les autorités sur le sujet des finances du football, un sujet tangentiel au football actuel. Les organes directeurs du monde entier ont cherché à réglementer le rôle de la finance dans le football, et dans cet esprit, l'UEFA a proposé le fair-play financier. Le concept a été introduit à l'origine par Michel Platini en septembre 2009 pour le "bien-être du football interclubs européen", ainsi que pour améliorer "l'équité financière dans la compétition européenne". A-t-il atteint ces objectifs? Est-il en voie d'atteindre ces objectifs? Est-ce que ce sont les objectifs que nous voulons que le football européen atteigne?
Avant d'entrer dans la mécanique du FPF, et les effets que cela peut avoir sur le jeu et sur les clubs, examinons les principes généraux en jeu ici. La directive de l'UEFA stipule que les investissements d'un club sur les transferts et les salaires des joueurs sont limités par leur chiffre d'affaires. Les deux questions qui se posent ici sont: a) comment un club améliore-t-il son chiffre d'affaires sans investissement? , b) Pourquoi l'UEFA a-t-elle le pouvoir de dicter les modèles d'investissement des clubs? Peut-être que regarder les objectifs déclarés de l'UEFA peut nous éclairer.
Équité financière dans la concurrence européenne
Le premier point intéressant à noter à propos du FPF et de son introduction est le timing. FFP a été introduit un an à peine après que Sheikh Mansour ait effectué sa prise de contrôle de Manchester City. Cela est également arrivé quelques mois après que le Real Madrid ait décidé de faire une frénésie de dépensières pour minimiser le choix chez ses concurrents, en signant des joueurs comme Cristiano Ronaldo, Kaka, Xabi Alonso et Karim Benzema. Le FPF a été largement considéré comme une réaction aux importantes dépenses de transfert qui devenaient une partie importante du football.
Ainsi, afin de protéger la solvabilité à long terme des clubs qui dépensaient trop en mercato et en salaires, l'UEFA a décidé d'imposer son FPF. L'idée était de faire en sorte que les clubs vivent selon leurs moyens. Si la proposition était de bonne foi, les écueils de cette méthode, bien qu’ils semblent justes, auraient dû être immédiatement évidents. Lier les budgets de transfert aux revenus générés favorise automatiquement les équipes qui ont déjà des flux de revenus importants. Cela signifiait que les plus grands clubs de l'époque pouvaient continuer à dépenser des sommes plus importantes pour les transferts et les salaires des joueurs que leurs homologues relativement moins performants. Cela signifiait qu'à son tour, plutôt que d'atteindre l'équité financière dans la compétition européenne, l'UEFA a fini par imposer un système qui ne faisait que renforcer les hiérarchies préexistantes. La Bundesliga est un bon exemple du fonctionnement. Les clubs allemands ont traditionnellement suivi un modèle qui ressemble beaucoup au FPF.
Les partisans du FPF mettrons des clubs comme Tottenham et Atalanta, des clubs qui ont connu un succès relatif. Ils souligneront à juste titre que ces clubs ont investi dans de bons jeunes joueurs et les meilleurs managers pour gravir les échelons. Cependant, ils ignoreront également le déclin simultané de géants comme Arsenal et Milan, qui a ouvert l'espace à des clubs comme les Spurs et l'Atalanta. Le modèle prêché et professé avec beaucoup de fierté et d'enthousiasme à travers l'Europe semble être un modèle qui repose sur le fait de déjouer à plusieurs reprises les probabilités sur une période de temps, associé à une mauvaise gestion à long terme des membres existants de l'élite.
C'est apparemment la bonne façon pour un club de se développer. Même si vous parvenez à capturer l'attention pendant une décennie, méfiez-vous, car ces grands clubs ont encore d'importantes sources de revenus acquises lorsque le FPF n'existait pas ! Et ils peuvent toujours vous priver de vos plus grands atouts pour gagner des matchs, pendant que vous concourez pour le prestigieux championnat « Net Spend » (des transferts comme Hummels, Gotze et Lewandowski viennent à l'esprit). Des histoires comme Dortmund sont devenues d'autant plus remarquables en raison de leur caractère exceptionnel, et le temps nous a appris que la loi des moyennes les rattrapera, ce qui en fera une équipe qui aura de nombreux articles nostalgiques, mais aucune domination à montrer (comme des dominations comme la Grande Inter ou le Milan de Sacchi). Hormis le caractère inefficace de ces prescriptions, le fait que l’UEFA, ou quiconque autre que les supporters et les propriétaires d’un club croient qu’ils ont l’autorité morale de décider de la "bonne" manière pour un club de se développer, est en soi à mentionner.
Si l’intention de l’UEFA est vraiment de créer des conditions de concurrence équitables, il est clair que le FPF, dans sa forme actuelle, avec ses biais structurels envers les géants traditionnels, ne peut pas réussir. Si l'UEFA tient vraiment à avoir des règles du jeu véritablement équitables, en mettant l'accent sur les "bonnes" choses, peut-être devrait-elle le signaler par ses actions. Si le développement de la jeunesse et l'accent mis sur la gestion à long terme sont vraiment censés différencier les meilleures équipes, pourquoi ne pas avoir un plafond salarial? Pourquoi ne pas adopter une version de la solution 6 + 5 (6 joueurs sur le terrain sont originaires du pays)?
Ces mesures constituent véritablement la compétition interclubs comme un test de développement viable à long terme, en mettant l'accent sur l'amélioration des infrastructures et le football des jeunes. Elle réduit drastiquement l'influence des capacités d'investissement biaisées, dont l'effet du régime actuel du FPF tend à exacerber. Vous cesserez également d'attirer des propriétaires passionnés et n'attirerez les investissements que de ceux qui ont un réel intérêt pour le jeu et de leur équipe.
A propos des propriétaires
Pourquoi l'UEFA a-t-elle le pouvoir de contrôler les actions des propriétaires qui sont prêts, désireux et capables d'investir? À première vue, cela semble être une violation directe du principe de la liberté générale accordée à un particulier dans la disposition de sa propriété privée. Bien entendu, les clubs cèdent un certain contrôle à l'UEFA lorsqu'ils choisissent volontairement de participer à ses compétitions. De même, ils se réservent également le droit d'exister et de fonctionner en dehors de l'UEFA (bonjour la Super League européenne, cette fameuse ligue fermée), et étant donné la nature de plus en plus probable de ce scénario, l'UEFA devrait peut-être assouplir sa position ferme afin de conserver le prestige de ses compétitions.
Ce qui précède est un exemple d’approche extrêmement libertaire et orientée vers le marché qui n’est tout simplement pas adaptée au football. La légitimité de toute compétition réside dans sa nature ouverte, inclusive et méritocratique, du moins en théorie. Il est également un fait que ces valeurs signifient également que nous devons être ouverts aux investissements qui amélioreront le mérite d'une équipe de football. L'UEFA l'admet lorsqu'elle dit qu'elle souhaite que le FPF "stimule les investissements à long terme (développement des jeunes et modernisation des installations sportives) par rapport aux dépenses spéculatives à court terme". Il est donc clair que le problème ne réside pas dans l’investissement, mais dans la qualité de l’investissement. Paradoxalement, limiter les budgets des transferts et des salaires semble être une manière d'atteindre cet objectif. Selon l’UEFA, un "bon" investissement est ce que vous voulez attirer, et un "mauvais" investissement est quelque chose que vous voulez désespérément éviter. Le raisonnement est simple: un "mauvais" investissement peut conduire à la dissolution de clubs entiers (comme Bury par exemple), et par conséquent, les contrôles sur l’investissement sont essentiels pour maintenir la santé de ces clubs. Donc, au fond, l’UEFA et le FPF n’ont pas de problème d’investissement en soi, mais un problème de "mauvais" investissement.
Si ce qui précède est vrai, cela soulève la question: pourquoi les "bons" propriétaires ne devraient-ils pas être autorisés à investir dans leurs clubs? Pourquoi des clubs comme Brentford, Chelsea et Manchester City ne peuvent-ils pas recevoir des investissements de leurs soutiens, malgré des preuves claires montrant que ces investissements ont profité non seulement aux performances des équipes sur le terrain, mais également à leur développement de la jeunesse et aux installations sportives? La clé semble résider dans l’empêchement des "mauvais" investissements. Si tel est le problème, pourquoi ne pas renforcer les contrôles comme le test des propriétaires et des administrateurs? Pourquoi ne pas lier les investissements à long terme (académies de jeunes, modernisation des stades) aux dépenses spéculatives (transferts et salaires) comme incitation positive, par opposition à la nature restrictive du régime actuel du FPF? Cela permettrait à un propriétaire passionné comme Dave Whelan d’améliorer légitimement les performances de Wigan sur le terrain immédiatement et sur le long terme, tout en lui rendant plus difficile d'arriver à la première place. Cela rendrait probablement le soi-disant "Money Test" qui existe beaucoup plus difficile à passer, ne permettant qu'à ceux qui dépassent une certaine tranche financière de parier sur un club de football, si cela leur convient vraiment.
Le football n'est que trophées ?
Le FPF a clairement échoué dans sa mission de créer un terrain de jeu financier équitable pour les équipes. Mais de manière réaliste, cela n'est vrai que pour les équipes qui cherchent à remporter les grands trophées. Le football, en l'occurrence, est un sport beaucoup plus vaste que les divisions supérieures et la Ligue des champions. La réalité mathématique est qu’un très grand pourcentage de clubs ne gagneront absolument rien au cours d’une année donnée. Cela rend-il leur existence sans importance? Les fans de ces clubs pourraient ne pas être d'accord.
La suppression du FPF est susceptible d'attirer des propriétaires ambitieux qui peuvent soutenir leur vision par des investissements. Cependant, en raison de la nature à somme nulle du football, il est plus probable qu'une majorité de ces propriétaires et investisseurs échoueront dans leur quête de trophées. De manière réaliste, comme l'a prouvé l'expérience de clubs comme Portsmouth, cela se traduit par un club financièrement insoutenable qui est obligé de se retirer dans un processus douloureux, humiliant et trop coûteux. Un test simple pour savoir si le FPF est une bonne idée est de vous demander: seriez-vous plus heureux de soutenir un club qui ne gagne pas trop de trophées, ou plus heureux de soutenir un club qui n’existe tout simplement plus?
Alors, le FPF a-t-il réellement aidé à atteindre une durabilité à grande échelle? Selon eux, c'est le cas. Avons-nous des exemples notables du FPF sauvant des clubs de l'extinction? Bien sûr, non, car nous ne pouvons pas avoir d’exemple pour quelque chose qui ne s’est pas produit (bien que l’UEFA cite 28 accords avec des clubs déficitaires) ! Si les données de l'UEFA sont vraies, nous devons reconnaître le rôle du FPF pour faire du football un jeu qui reste accessible à un vaste panel de supporters et de footballeurs. Ainsi, alors que les propriétaires de clubs se plaignent des plafonds financiers, il est important pour les fans de noter que ces plafonds ne concernent peut-être que la survie de leur club de football bien-aimé.
Et maintenant, que vais-je faire ?
Le FPF n'est en aucun cas une régulation parfaite. S'il fait beaucoup pour protéger l'existence de clubs plus petits, nous pouvons légitimement nous plaindre de la cristallisation des hiérarchies traditionnelles qui en est résultée. Donc le FPF dans sa forme actuelle est certainement un pas dans la bonne direction, ce n’est certainement pas le grand égaliseur que l’UEFA voudrait qu’il soit. Les plafonds de salaires et de transferts sont-ils le moyen de créer un environnement de football plus équitable? Les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 sont sur le point de le découvrir. Ou nous concentrons-nous sur le talent de distribution plutôt que sur l'argent? Limiter la taille des équipes ou créer un draft de style NFL pourrait être la solution. Quoi qu'il en soit, le football, en raison de sa structure unique et de sa répartition géographique et politique unique (qui ne joue pas au football?), ne sera pas vraiment en mesure d'imposer une solution universelle. Jusque-là, peut-être pouvons-nous continuer à nous disputer, et maudire le professionnalisme pour nous avoir amenés ici en premier lieu... salauds d'anglais !
Conclusion et critiques
Pour un fan des Blues, son analyse est plutôt pertinente, argumentée et bien fondée. Elle est cohérente par rapport à d'autres analyses que nous pouvons lire dans l’Équipe et France Football. Ses exemples sont assez éloquents et parlent d'eux mêmes. Dans notre cas, on pourrait citer Palerme qui a littéralement coulé et la Viola et Parme qui sont revenus. Il aurait intéressant de distinguer les financements du Golfe, russes et chinois. Il est assez surprenant qu'il ne parle pas de Wolverhampton, un club fondateur de la PL que nous pouvons qualifier de géant endormi. Racheté par des investisseurs chinois, investissements liés également au développement du chemin de fer dans les Midlands, Wolverhampton a atteint les quarts de la C3 cette année, éliminé par Séville. Les bases financières sont saines et le club revient petit à petit au premier plan. L'auteur aurait pu également citer Liverpool, un géant revenu après 10 ans de disette.
Cet article justifie pleinement,t, si besoin était, que la famille Zhang a très bien fait de changer le mode de financement de notre équipe. Un financement à la Moratti n'est absolument pas viable dans le contexte actuel et pourrait être qualifié de suicidaire. Steven Zhang l'avait bien signalé dans une interview. L'époque a changé et il faut s'y faire. Concernant le spectre d'une super ligue européenne qui fait trembler l'UEFA, l'Inter peut se montrer sereine étant donné qu'elle est un club historique. Elle est dans une win-win situation. Même si elle a perdu sa finale contre Séville, les progrès sont là et nous permettent d'espérer.
Commentaires recommandés
Rejoindre la conversation
Vous pouvez commenter maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous possédez un compte, connectez-vous.