L'Inter affrontera le Shakhtar Donetsk qui a facilement battu le FC Bâle, 4-1, en demi-finales de l'Europa League. Voici un petit aperçu de nôtre futur adversaire.
Comment est-il arrivé en demi-finales ?
Tout comme notre équipe favorite, le Shakhtar a été reversé en C3 après avoir fini 3e de sa poule qui incluait Manchester City, la Dea (!) et le Dinamo de Zagreb (1 victoire, 3 nuls et 2 défaites). A noter qu'il n'a gagné aucun match à domicile. En 16e de finale il écarta la Benfica (2-1 et 3-3), puis Wolfsbourg en 8e (3-0) et la FC Bâle en quart (4-1).
Résumé du match contre le FC Bâle.
Absents au marquage et ailleurs, les joueurs suisses sont punis d'entrée par Júnior Moraes qui profite d'une sortie plutôt hasardeuse de Nikolić pour ouvrir la marque à la 2e. Sans surprise, Donetsk monopolise la ballon (pour une fois) et Bâle se contente d'effectuer quelques contres mais sans succès. La pression ukrainienne augmentant au fil des minutes et les mouvements offensifs s'enchaînant, la frappe contrée de Taison enfonce encore un peu plus Bâle à la 22e. Rarement inquiété, Donetsk manque le 3-0 lorsque Marcos Antônio voit sa frappe renvoyée par la barre à cinq minutes du retour aux vestiaires.
Même physionomie après la pause : Taison et Marlos percutent toujours autant dans leurs couloirs, tandis que Cabral est bien trop seul à la pointe bâloise. Et ce n'est pas la sortie sur blessure de Taulant Xhaka qui change les choses même si Bâle tente progressivement de sortir la tête de l'eau. Le même Cabral manque ensuite le cadre sur un petit ballon piqué alors que Pyatov avait déserté sa cage. Mais c'est finalement Taison qui met fin au suspens en obtenant un penalty avant qu'Alan Patrick ne le transforme à la 75e. Dodô, qui n'avait pas sommeil, s'offre un dernier but après un contre parfaitement mené plein axe, 4-0 à la 88e. Le but de Ricky van Wolfswinkel est anecdotique, ne sauvant que l'honneur pour les Suisses, 4-1 à la 92e. Fin du calvaire.
Conférence d'après match de Luis Castro, manager du Shakhtar.
Dans quelle mesure le but de la deuxième minute correspondait-il à vos plans et ouvrait ce match ?
"À l'approche du match, nous ne pensons jamais à une minute précise pour ouvrir la marque. Pas question. Pour nous, l'objectif le plus important est de battre les adversaires. Bien sûr, après en avoir marqué un au début, nous avons commencé à nous sentir beaucoup plus calmes et plus confiants. Alors que Bâle se sentait plus nerveux. Mais, encore une fois, nous n’y pensons pas, nous ne fixons jamais une minute précise pour ouvrir la marque. Pour nous, l'objectif majeur était de vaincre les adversaires et de se qualifier pour les demi-finales de la Ligue Europa, ce que nous avons réussies."
À quel moment avez-vous réalisé que Bâle n’échapperait pas à la défaite ?
"Nous avons vu un grand nombre de situations où nous avons réalisé que le match n’était pas terminé à l'avance. Le meilleur exemple est le match à Zagreb, lorsque les adversaires menaient 3-1 à la 92e, puis nous avons réussi à égaliser ! Cela m'a appris, à moi et à mes joueurs, que le match ne se terminait que lorsque le coup de sifflet final est fait par l'arbitre. Je peux honnêtement dire que nous avons commencé à nous sentir plus confiants à 3-0. Ensuite, nous avons commencé à réfléchir calmement au prochain match car aujourd'hui tout s'est bien passé."
Les prochains adversaires sont l'Inter. Que pouvez-vous dire sur cette équipe?
"Rien de spécifique pour le moment. Seulement des trucs que tout le monde voit et sait parce que je regarde leurs matchs. Juste une équipe formidable et solide, très bien organisée. Et nous savons très bien qu'ils sont des prétendants au titre, tout comme nous. Notre service d’analyse des performances a déjà commencé à analyser le jeu de l’Inter. À partir de demain, nous parlerons plus en détail de nos adversaires. Plus tard, je pourrai faire un certain commentaire dans lequel je couvrirai plus en détail les forces et les faiblesses de cette équipe."
Comment comptez-vous vous préparer pour les demi-finales dans les cinq prochains jours ? Avez-vous un terrain d'entraînement à Düsseldorf ? Avez-vous discuté de ces choses ?
"Oui. Nous sommes à 15 minutes en voiture des terrains d'entraînement. Maintenant, le plus important pour nous est d’assurer la récupération des gars et de les préparer au mieux pour le prochain. Il y a absolument toutes les conditions là-bas : l'UEFA a tout bien organisé, donc nous n'avons pas de soucis à ce sujet. Nous avons suffisamment de place et de temps."
Palmarès.
Fondé le 24 Mai 1936, si son palmarès n'est pas aussi étoffé que le nôtre, il est très loin d'être vierge. En effet, sur le plan national, le Shakhtar a gagné 13 Championnats ukrainiens et 13 fois la coupe d'Ukraine. A noter qu'il a également gagné 4 fois la coupe soviétique. Sur le plan européen, il a remporté une fois la C3 en 2009 contre le Werder de Brême 2-1. Sa meilleure performance en C1 est un quart en 2010-2011 éliminé par Barcelone alors que sa meilleure performance en C2 est aussi un quart de final, éliminé par Porto. Un article paru dans France Football peu avant le mondial 2018 a mis en évidence le lien qui existe entre les performances des clubs russes et ukrainiens en C3 et les cours du pétrole et du gaz. En effet, le CSKA Moscou, le Zenith Saint Petersbourg et le Shakhtar ont gagné respectivement la C3 en 2005, 2008 et 2009. Or, il faut noter que les cours explosèrent à ce moment là. Ainsi, les clubs engrangèrent beaucoup d'argent et pouvaient recruter des stars, même vieillissantes à prix d'or. Ceci étant dit, le Shakhtar a été plus malin que ses homologues russes, comme nous allons le voir.
Effectif et style de jeu.
Quand on parle du Shakhtar, la première chose qui ressort est cette connexion brésilienne dans l'attaque. Le club de l'est de l'Ukraine a mis en place un réseau de scouts très performant en Amérique du Sud qui leur permet d'acheter de jeunes talents pour un prix relativement bas par rapport aux joueurs d'un niveau similaire en Europe. Ces tactiques ont non seulement apporté un succès sportif mais aussi un succès financier. Cependant, ces dernières années, le temps est devenu un peu plus calme autour du club ukrainien. Bien qu'ils soient toujours régulièrement invités en Ligue des champions, ils n'ont guère pu surprendre et battre (sur le papier) des adversaires supérieurs. De plus, à part Fred, ils n'ont vendu aucun joueur pour des sommes importantes au cours des quatre dernières années. Donc, l'effectif du club est composé majoritairement de joueurs brésiliens et ukrainiens.
En regardant la liste actuelle du Shakhtar, nous pouvons voir que de nombreux joueurs ont passé leur apogée. En fait, l'équipe se compose de huit joueurs à leur apogée, dont seuls Alan Patrick et Sergij Kryvtsov obtiennent des minutes significatives. Cela dit, le Shakhtar a tenté de rafraîchir son équipe en ajoutant plusieurs jeunes à l'été 2018. Jusqu'à présent, seuls Tete et Dodo ont vu des temps de jeu importants sur le terrain.
Leur formation dépend un peu de l'adversaire et donc de la compétition. En Premier League ukrainienne, Luis Castro déploie une formation 4-2-3-1 avec l'un des Brésiliens Taison ou Marlos agissant comme meneur de jeu. Dans les compétitions européennes, l'approche est un peu plus conservatrice et voit fréquemment Kovalenko (milieu) entrer dans l'équipe. L'Ukrainien de 24 ans a débuté dans plus de matchs européens (six) que de matchs de championnat (cinq). Il n’est pas aussi spectaculaire et techniquement doué que ses coéquipiers brésiliens, mais plus discipliné et agressif contre le ballon. Cela permet au Shakhtar de se défendre dans un 4-1-4-1 pour minimiser l'espace au centre. En possession, Kovalenko (milieu) se déplace généralement plus haut sur le terrain pour créer le 4-2-3-1 habituel avec Alan Patrick (milieu) un peu plus profond.
À l'arrière central, Luis Castro fait confiance à Sergij Kryvtsov (défenseur) et Mykola Matvienko (défenseur), tous deux en défense. Alors que Kryvtsov (défenseur) semble parfois un peu maladroit avec le ballon, Matvienko peut également jouer de longues balles diagonales. En regardant Dodo (défenseur), il y a de nombreuses similitudes avec son compatriote Rafinha. Les deux joueurs sont petits mais très agressifs et aiment rejoindre l'attaque avec des descentes sur le flanc. Son homologue du côté gauche, Ismaily (défenseur), est un type similaire de joueur bien que neuf ans plus âgé. Avec beaucoup d'athlétisme, il monte et descend sur le côté gauche, exploitant sans relâche les espaces vides dans de larges zones tout en interagissant parfaitement avec Taison (milieu). Le joueur le plus défensif en dehors des défenseurs est Taras Stepanenko (milieu), qui a rejoint le club en 2010. Il a un style de jeu peu spectaculaire, mais ce faisant, il assure l'équilibre et sert d'homologue à ses coéquipiers brésiliens. Alan Patrick (milieu) n'est pas le joueur le plus athlétique mais quelqu'un qui perd rarement son calme et trouve toujours des solutions avec le ballon.
Devant eux, Luis Castro tourne généralement entre cinq joueurs : Taison, Marlos, Tete, Kovalenko et Konoplyanka (tous milieux). Taison et Marlos sont très similaires dans leur style. Les deux aiment opérer à partir des demi-espaces et jouissent d'une grande liberté dans leurs mouvements. Taison en particulier a tendance à se déplacer sur tout le terrain, toujours à la recherche d'espace exploitables. Tete est un type de joueur différent car il aime aussi recevoir le ballon dans des zones plus larges pour utiliser son rythme. En pointe, on trouve Junior Moraes qui quitte rarement son poste et veille à ce qu’il y ait toujours une sorte de profondeur dans le jeu du Shakhtar. Le joueur de 33 ans n'est pas tellement impliqué dans les combinaisons mais attend le bon moment pour mettre le ballon au fond des filets ou le passer à ses camarades brésiliens. Cependant, cela a plutôt bien fonctionné jusqu'à présent cette saison avec 17 buts et sept passes décisives en 19 matchs de championnat. En Europe, il a amassé trois buts et deux passes décisives.
Conclusion.
Malgré une équipe vieillissante, le Shakhtar a encore des joueurs assez excitants et techniquement doués qui sont très agréables à regarder. Cependant, ils manquent parfois de discipline défensive. Si l'Inter remporte la guerre du milieux de terrain si son attaque reste létale, alors elle peut espérer aller en finale.
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