CHELSEA - INTER : COMPTE RENDU DE DEPLACEMENT - INTER CLUB PARIGI NERAZURRA

Avec un peu de retard, et on espère qu'il nous excusera pour cela, nous publions le compte rendu du déplacement d'un membre de la communauté, Enrico Cuaz (Inter Club Parigi Nerazzurra), à Londres lors de la qualification de l'Inter Milan pour les quarts de finale aux dépends de Chelsea. Bonne lecture ...

Il est 5 heures du matin d’un jour de mi-semaine. Ma femme dort près de moi. Je n’y arrive pas et je ne sais pas si c’est à cause des émotions d'hier soir, les bières bues, le ventre qui n’a pas eu un repas « normal » depuis plus de 24 heures, l’adrénaline qui n’est pas encore absorbée par l’organisme, ... mais je doute que je puisse vous décrire convenablement les émotions vécues hier avec des milliers d’autres intéristes dans un cossu stade d’un faubourg chic au sud ouest de Londres.

J’essaie de le faire pour les amis d’internazionale.fr

Je rentre dans le stade 2 heures avant le match. A l’extérieur je fais connaissance avec Virgilio et les autres amis de la banda bagay, (http://www.bandabagaj.it) célèbre club milanais, que je connaissais uniquement par internet. Je verrai le match avec deux d’entre eux : Leda et Giulio, son fils, 11 ans. Nous sommes séparés par l’assignation des places dans le secteur réservé aux intéristes.

Entre temps ma femme se fait interviewer, en anglais, par Chelsea TV, avant d’aller chez des amis voir le match. On n’a malheureusement pas réussi à trouver un deuxième billet...

Nous sommes nombreux, venus de partout. Certains sont arrivés sans billets, d’autres l’ont eu « au noir » à des montants astronomiques. De ce côté-là le foot anglais n’a pas de leçon à donner. Dans les rues j’ai l’impression de revoir ce que je vivais dans les années 70, 80 en Italie.

Nous rentrons deux heures avant, mais le temps passe vite, entre retrouvailles, embrassades, photos, l’échauffement des joueurs, les cœurs. L’impression est que notre « tifo » dépassera celui des adversaires qui sont 5 fois supérieurs…Et ça sera le cas long tout le match.

Les joueurs rentrent, les stewards essaient de nous faire rester assis, il y a quelques frictions mais tout se calme rapidement…et nous restons debout. Tous.

Je suis désormais dans l’état second avec lequel je regarde les matchs, en première mi-temps Chelsea attaque mais notre défense tient. Epique. Les 45 minutes sont longues et le coup de sifflet arrive comme une libération. Encore 45 minutes…Mais j’ai peur, sincèrement, humainement, lâchement, j'ai peur. Je me dis qu’on ne tiendra pas jusqu’au bout.

Je passe la mi-temps à répondre à des sms qui arrivent de partout, à mes enfants qui sont à l’internat et qui ont caché leurs portables pour que je puisse les informer.

On reprend, près de moi des supporters de Vevey, Aosta, Bari, Savona, Liège, les « Bagaj » et …Parigi Nerazzurra.

L’Inter joue de mieux en mieux, rate des occasions, nous sommes dangereux et les anglais voient le temps passé mais nous restons avec l’épée de Damoclès d’un but qui nous condamneraient. Toutes les fois que Chelsea dépasse la ligne du milieu de terrain, j’ai le cœur qui augmente ses pulsations. Un jour ou l’autre j’y resterai avec cette équipe....

Derrière moi un bobby anglais à des difficultés à cacher sa préférence (j’avais déjà vu qu’il sursautait à chaque attaque de Chelsea). Je vois, ou, peut-être, j’imagine son mépris pour la cacophonie toute latine qui règne dans notre virage. Je le fais remarquer à mon voisin.

Les minutes passent … passent ... et sur un contre le but libératoire! Je ne sais pas comment l’action est née, qui à fait la passe décisive, qui a marqué. Je ne sais rien, j’ai vu le ballon rouler dans le but. Indécemment je suis écrasé par un supporter monumental, indécemment nous tombons à plusieurs par terre, indécemment nous sommes relevés par les policiers et les stewards.

Je me retourne vers le flic supporter en riant. Je n’ai plus besoin de toi mon ami. Maintenant le temps passe très vite. Je n’ai plus de voix, je transpire, j’ai perdu une de mes écharpes.

Je voudrais rester dans le stade encore longtemps, on sent qu’ils ne reviendront plus au score. Je pense à mes enfants, aux amis du Club et du site, à la déception des amis milanistes et juventini…ils espéraient, ils espéraient…

C’est fini, le reste n’est que joie immense. Nous devons attendre 30 minutes avant qu’ils nous fassent sortir, mais elles passent vite. Une fille pleure de joie dans les bras de son fiancé.

Nous sortons : retrouvailles, photos, la rencontre avec Roy Hodson et Nicola Berti. Celle avec Ciccio Valente, qui tous les dimanches défend l’Inter devant la déferlante médiatique télévisuelle milaniste et juventina.

Nous finissons la soirée chez des amis intéristes de Londres : Vincenzo e Leda. A deux heures on est à l’hôtel. Vendredi il y aura le tirage au sort pour les quarts, en championnat le Milan revient…Demain une marée de travail m’attend, mais je m’en fous !

Un mardi soir, dans le stade d’un faubourg cossu du sud ouest de Londres, onze millionnaires en culottes courtes m’ont rendu heureux.

L’Inter c’è.

L’Inter è grande.

Enrico