INTERVIEW EXCLUSIVE DE MASSIMO MORATTI SUR SKY SPORT

MILAN - Lors du 1.000ème jour de l’existence de la chaîne de télévision Sky Sport 24, le journaliste italien Andrea Paventi a réalisé une interview du président nerazzurro Massimo Moratti.

Internazionale.fr vous propose de lire l’interview complète du président nerazzurro.

Y a-t-il une information qui vous a le plus plu sur la chaîne Sky Sport 24?

"Étant intériste, tout ce que j’ai pu lire sur les succès du club m’a fait grandement plaisir. J’aime aussi le fait qu’ils réussissent à deviner presque toujours nos intentions de mercato, surtout les plus importantes. Cela montre que ces journalistes font preuve d’un grand professionnalisme ." 

Durant ces 1.000 jours tout a été presque parfait: que voudriez-vous refaire à nouveau et que voudriez-vous ne surtout pas refaire?

"On parle de l’Inter et non pas de Sky bien évidemment (Ndlr: Il sourit). Les choses que nous faisons viennent du moment présent et on ne pense pas à avoir d’autres alternatives à ce moment là. Je pense que vous faites référence au changement d’entraîneur entre Mourinho et Benitez. C’était un choix plutôt censé puisque l’entraîneur espagnol possédait une grande expérience et il avait sur ses épaules son prédécesseur qui a fait une saison extraordinaire. Ensuite ça n’a malheureusement pas marché pour lui, donc je pense que ça a surtout été une mauvaise période sous sa direction plutôt que le choix d’un mauvais entraîneur."

Le choix de Rafael Benitez n’a pas semblé être un choix voulu mais plutôt un choix par défaut. Cela est-il dû à la nécessité de trouver un entraîneur très différent de José Mourinho?

"La vérité c’est que ce n’était pas du tout facile de remplacer José Mourinho du fait de ses succès. C’est pour cela que nous cherchions un profil d’entraîneur différent, avec des caractéristiques nouvelles. A la fin le choix est tombé sur Rafael Benitez mais ça n’a pas été le bon donc nous avons cessé notre collaboration ensemble."

Moratti n’avait jamais pensé à choisir Leonardo lors de l’été dernier? Était-ce un choix possible à ce moment là?

"C’était un choix possible et si j’avais trouvé également un autre entraîneur avec ses caractéristiques c’était très bien aussi. Leonardo préférait ne pas entraîner tout de suite en faisant une pause lors de sa première année avec le Milan. Ensuite j’ai repensé à lui lors de cet hiver et ça m’a semblé intéressant de ramener un certain climat de confiance à l’Inter avec lui: et ça a très bien marché. Leonardo a fait encore plus que ce je pouvais m’attendre."

Entre 2005 et aujourd’hui, l’Inter a gagné un seul trophée en moins que le Barça. Pensez-vous que ces succès ont été trop sous-estimés à ce point là durant ces dernières années?

"Pas pour les intéristes mais par les journalistes oui. Mais étant un club d’Italie, il y a toujours les polémiques qui sont au centre de tout, le fait de trop exalter une équipe peut créer un certain déséquilibre. Je pense par contre qu’à l’étranger l’Inter a été bien vue par les médias. A l’inverse, en Italie on ne parle que du futur et de ce qui peut arriver…"

Faudra t-il attendre le résultat de la finale de Tim Cup afin que vous donniez vos notes sur la saison de l’Inter cette année?

"Cette équipe est toujours la même qu’il y a 5 ans lorsqu’elle a commencé à regagner des trophées. Je le dis sincèrement: je suis très fier de mes joueurs et on parlera toujours de cette équipe au cours des prochaines années. Ce ne sera certainement pas un résultat qui leur feront perdre leur volonté, leur esprit de sacrifice, leurs ambitions, leur fierté et leur motivation. Peut importe les entraîneurs : Mourinho, Mancini, Benitez et maintenant Leonardo, rien ne change, en revanche un trophée c’est ce qu’il y a de plus important pour le club et pour l’histoire du club."

A quel point la victoire en Tim Cup peut-elle être importante pour Leonardo?

"Pour lui ça serait certainement très important pour tout ce qu’il a fait ici: il a appris très vite l’ambiance du club, il s’est vraiment bien acclimaté. Et à l’Inter tout le monde sait que ce n’est pas aussi facile que dans un autre club. Il s’est trouvé dans une situation difficile et il s’est bien ressaisi donc il mérite amplement de remporter ce trophée. Je pense qu’il y tient particulièrement et nous tous aussi mais le Palerme y tient encore plus je pense. C’est pour cela que l’on s’attend à un match difficile face à eux."

Si Leonardo remporte donc cette coupe, y aura t-il une prolongation de son contrat?

"Leonardo n’est pas le genre de personnes qui me demande cela. Mais vous êtes en train de m’y faire penser donc j’y réfléchirai… (Ndlr: Il sourit.)"

Quelle sensation éprouve Moratti en imaginant l’Inter du futur: un club restructuré et rajeuni?

"Avant de répondre à cette question, je pense qu’il est nécessaire de rappeler tout ce qu’à fait le groupe jusqu’à présent. L’équipe est forte, on en a la démonstration match après match. Pour moi, c’est la meilleure de toute. C’est pour cela qu’il faut être malin quand on ajoute quelque chose de nouveau dans l’équipe. Je suis sûr que ces garçons trouveront toujours une source de motivation pour réussir, mais il faut réaliser un projet qui tienne la route en faisant attention aux économies etc… Il faut donc donner les moyens au club de toujours pouvoir participer à la Ligue des Champions pendant de nombreuses années encore."

Si l’Inter réussit à conclure la transaction avec l’Udinese pour Alexis Sanchez, ce joueur pourrait-il être comparé aux grands coups de mercato que le président Moratti a déjà fait dans le passé, comme par exemple Ronaldo ou Zlatan Ibrahimovic?

"Je pense que Sanchez est un très bon joueur et ce n’est pas un mystère que nous sommes actuellement en pourparlers avec le club frioulan pour comprendre la situation. Le joueur doit encore démontrer être fort: quand Ibra et Ronaldo sont arrivés ici ils avaient déjà quelque chose en plus dans leur carrière par rapport à lui qui est encore très jeune."

Certains disent que tout dépend de l’Inter car c’est l’équipe nerazzurra qui possède des joueurs pour convaincre l’Udinese à vendre Sanchez, est-ce vrai?

"Oui nous suivons de très près le dossier Sanchez mais nous avons aussi d’autres joueurs dans le collimateur. Je pense qu’en attaque nous sommes suffisamment armés et je ne vois pas ce secteur là comme celui à renforcer en priorité. Chaque opération intéressante est la bienvenue, mais il ne faut pas exagérer dans les chiffres."

Le cadeau que vous voudriez offrir à votre fils qui fête son anniversaire en octobre pourrait-il être Eden Hazard?

"(Ndlr: Il sourit.) Non, le fils qui m’a demandé cela est celui qui fête son anniversaire en Janvier. Donc je pourrais attendre quelques mois en plus avant de le recruter…(Ndlr: Il sourit). Mais je répète, j’ai parlé uniquement de ce joueur car ce sont les journalistes qui en ont fait l’étalage dans la presse et pas seulement dans ma famille. C’est très certainement un joueur qui a devant soi un futur prometteur et je sais très bien qu’avec cette interview nous sommes entrain de faire augmenter encore plus sa valeur d’au moins 5 millions d’euros…"

Durant cette saison, qu’est-ce qui vous a le plus dérangé? La victoire du Milan pour le Scudetto, la révocation du Scudetto 2006 par la Juventus ou encore autre chose?

"Il y a surement autre chose mais je n’ai pas la mémoire très bonne pour m’en rappeler. Je m’énerve sur beaucoup de choses, ensuite ça me passe et j’oublie pourquoi j’ai été en colère. Je n’ai pas vécu la victoire du Milan comme une déception, ils ont remporté le Scudetto avec mérite. C’est sûr que c’est dommage que ce ne soit pas l’Inter qui l’ait gagné, mais dans la continuité c’est bien le Milan qui le mérite donc je ne souffre pas de cela. En ce qui concerne la révocation du Scudetto avec la Juventus ce n’est pas cela en soi qui me dérange mais c’est surtout la façon dans laquelle on continue encore à parler de cela, c’est une histoire sans fin… Si j’ai moi aussi la même attente que les "bianconeri"? Non, car je continuerai toujours à soutenir ce que j’ai soutenu depuis le début. Ce qui peut réellement causer problème a été par exemple le non accord entre les présidents de la Lega Calcio sur les droits télés."

Qui verra t-on ou reverra t-on sur le banc de l’Inter prochainement? Jose Mourinho ou Pep Guardiola?

"En ce moment je n’y pense pas. Mourinho reste quelqu’un à part: par exemple lorsque quelqu’un l’insulte nous nous sentons tous déçus, offensés et impliqués comme si c’était nous qui recevions l’impolitesse malgré le fait qu’il ne soit plus à Milan mais à Madrid. Cela veut dire qu’il n’a pas simplement laissé toutes les victoires et les succès qu’il a obtenu ici mais aussi l’affection, la sympathie que l’on a pour lui. C’est comme si, même s’il entraîne ailleurs il fait toujours partie de la maison ici. Pour tout le reste et pour le futur de l’Inter, nous devons viser sur des personnes nouvelles et fraîches et Leonardo a cette fraîcheur pour construire une grande Inter."

Dans l’avenir, pensez-vous à un retour d’Ibrahimovic ou de Mario Balotelli?

"Balotelli est entrain de s’améliorer dans son comportement et ce sera sans doute un joueur qui aura du succès, mais je pense qu’aussi bien pour lui que pour Ibra un retour soit inenvisageable."

Quand pourra t-on lire en une de Sky Sport 24: "Messi est à l’Inter"?

"(Ndlr: Il sourit) Si cela arrive, et même si ce n’est pas l’Inter qui le recrute, je me rappellerai de cela comme un des plus beaux moments de Sky Sport 24."

Rédigé par BiscioneNerazzurro & Kroutch (Inter.it)