LEONARDO: "JE NE PENSE PAS A MON CONTRAT, JE NE SERAI JAMAIS DIRIGEANT"

APPIANO GENTILE - Lors de la traditionnelle conférence de presse à la veille du match Inter-Chievo qui se jouera samedi soir à 18H, Leonardo se livre devant les journalistes.

Internazionale.fr vous propose de découvrir l’interview intégrale de l’entraîneur brésilien.

Les deux derniers matchs ont été très difficiles. Que penses-tu de toutes ces critiques?

"Ca fait partie du jeu, les critiques seront toujours présentes, c’est normal. Tout cela est très passionnel, on vit toujours intensément le football, même les critiques "à chaud", mais je ne fais pas de drames sur ce qui s’est passé, comme ce n’est pas le cas non plus lorsque nous gagnons nos matchs."

Comment évalues-tu cette période?

"Je pense que cette équipe et ce club ont déjà dépassé un grand nombre de critiques par le passé. Je veux rappeler quand même que nous sommes toujours en course dans les trois compétitions, même si les deux défaites ont été très dures à encaisser. Ni moi, ni mes joueurs ne sommes désespérés de cela. Il faut simplement trouver une solution au plus vite."

Comment s’est déroulé ton entretien avec Moratti?

"J’ai lu dans la presse qu’on parlerait trop de philosophie, si je ne me trompe pas c’est Sconcerti (ndlr, un journaliste italien renommé) qui a écrit cela. Mais depuis 14 ans, j’ai toujours été comme ça et ce sont les vraies personnes qui me connaissent qui le savent. Je pense être une personne tranquille mais surtout sérieuse. Vous rigolez sur le fait que je parle d’amour, mais moi je vis le football, et je parle de foot avec les garçons. Je suis serein, mon entretien avec le président a été très clair, comme toujours. C’est une chose positive d’avoir pu parler avec lui car nous avons juste analysé notre dernière défaite, pas toute cette période."

As-tu répété au président que tu souhaitais uniquement rester entraîneur?

"J’ai toujours dit que je voulais être entraîneur, donc quand j’aurais fini d’être ici, il n’y aura plus rien par la suite, je n’ai jamais eu l’idée de devenir dirigeant. Je suis très content de cette expérience, il y a encore la possibilité de continuer notre travail mais quand mon contrat sera fini avec l’Inter, ce sera fini. J’ai lu que j’allais donner ma démission, je suis resté bouche bée en lisant cela! (ndlr, il sourit)."

Les supporters restent confiants, tout comme le groupe.

"Pour commencer, nous devons réagir sur le terrain contre Chievo. En ce qui concerne les joueurs, la relation que j’ai avec eux est très bonne, aussi bien d’un point de vue humain que dans leur rendement. Les garçons ne doivent pas penser à moi, tout peut arriver, c’est l’équipe qui est le noyau dur du club, je l’ai toujours pensé. L’entraîneur doit simplement veiller à garder un bon équilibre et à faire du bon travail, les entraîneurs passent mais les joueurs restent. L’Inter en a eu beaucoup en plus de 100 ans, ma contribution avec le club est de toujours chercher à donner le meilleur pour l’équipe."

Le rapport que vous avez avec l’Inter s’est-il fissuré durant ces quatre jours?

"La relation qui existe en ce moment est très claire et sereine. Je suis tranquille pour ce que vous avez vu durant ces derniers mois. Dernièrement, il y a eu des matchs très pesants, mais je pense que l’on ne peut pas donner une étiquette précise sur seulement deux matchs. Pendant le match contre Schalke, j’ai aussi vu des moments de grand football, hélas la défaite est arrivée de manière particulière. En revanche, on ne peut rien dire sur le score de 2-5…"

Leo, peux-tu éclaircir tes propos sur ton avenir?

"J’ai un contrat qui se termine en 2012 si je ne me trompe pas, je ne le sais même pas. Le contrat ne m’a jamais lié à un club, je suis lié à ce que je veux faire. J’ai toujours le même enthousiasme qu’au premier jour, rien n’a changé avec l’Inter. Ce qui doit changer, c’est la solution tactique à trouver pour résoudre nos problèmes. Mais comme je disais tout à l’heure, lorsque mon aventure avec l’Inter sera terminée, il n’y aura plus rien après ."

Comment vont Sneijder et Stankovic?

"Il faudra voir ça plus tard, leur situation physique n’est pas encore très précise. Il faut évaluer les conditions de chaque joueur."

Ton étiquette est celle d’avoir un jeu ultra-offensif. Que pourrais-tu faire pour changer cela?

"Ce n’est pas une question d’étiquette. Je pense que quand on gagne 5-3, c’est un beau spectacle à voir, les gens sont plus contents de voir cela qu’un 0-0, c’est un concept né après le 5-3 contre la Roma. Les étiquettes de l’an passé n’existent plus, nous avons encaissé nos buts avec une défense mal organisée, c’est tout. Après, c’est sûr que j’ai demandé aux miens de marquer des buts, car nous devons récupérer beaucoup de points, j’ai une idée du football un peu risquée et je n’ai vraiment pas peur de la proposer. Jusqu’à samedi dernier, tout allait bien, ensuite il y aussi des choses d’un point de vue physique qui peuvent changer la donne."

Que penses-tu des jugements peut-être trop précipités sur toi?

"Je veux être jugé simplement en tant qu’entraîneur de l’Inter, comme quelqu’un qui n’a jamais eu d’histoire avec le club. Toutes ces histoires de dirigeant ne m’intéressent pas, je pense à ma vie. Les critiques font partie du jeu comme je l’ai dit tout à l’heure. Il y a quelque chose d’émouvant dans cela."

A ton avis, à la vue des dernières rencontres, penses-tu que les joueurs soient à cours de jus?

"Il y a eu les matchs avec les sélections nationales, je pense par exemple aux argentins qui étaient partis en Amérique pour jouer leurs matchs. Mais il ne faut pas penser à cela maintenant. J’ai toujours cherché à mettre le meilleur onze possible, l’équipe a des ressources mentales et nous voulons maintenant reprendre en main cette situation délicate."

A quel point cela te fait-il plaisir d’être entouré par le club en ce moment? Comment veux-tu redonner des couleurs à l’équipe?

"La relation qui existe est toujours excellente, sinon je ne serais pas là. Ma carrière d’entraîneur est née d’un besoin, comme ici à l’Inter. "On le fait signer? Alors on y va". Je veux montrer que je suis déterminé à bien entraîner mon équipe."

Le même Moratti a lui aussi laissé la porte ouverte pour une future carrière de dirigeant. As-tu éclairci ce point avec le président?

"Le président me voit depuis longtemps comme un dirigeant, mais aujourd’hui, la situation a changé. Je sais que ce n’est pas facile à comprendre que je ne suis qu’entraîneur et que je souhaite le rester, il arrive parfois que je gère les choses comme si j’étais dirigeant, c’est vrai. Si j’étais dirigeant ? Des fois, je me virerais,(Ndlr, il sourit), je plaisante. Mais je suis venu ici pour entraîner et j’ai encore des choses à faire.

Ca te dérange qu’on parle déjà de Guardiola, Mourinho ou de Villas Boas?

"C’est normal, regardez combien d’entraîneurs ont été limogés cette année en Serie A. Tout change tellement vite, ça fait partie du football. Quand je suis arrivé, je savais ce qui allait m’attendre. Je suis tranquille, même si les gens veulent voir de nouvelles personnes, les gens pensent surtout au mercato et veulent de nouveaux joueurs."

Demain, il devrait faire 35 degrés. Il faudra rester attentif d’un point de vue physique?

"Oui, nous devrons gérer cela. Je suis convaincu que nous pouvons repartir sur de bonnes bases avec notre envie de rebondir. Ici, il y a des personnes qui ont un lien vraiment incroyable avec l’Inter, donc ça me met en colère quand on attaque les joueurs."

Qu’est-ce qui servira contre Chievo?

"J’ai vu mes garçons très motivés et avec la rage de vaincre. Le match contre Schalke est désormais aux oubliettes, maintenant il n’y a que Chievo. Nous verrons qui seront les plus en forme pour débuter cette rencontre."

Est-ce que ça vaut la peine de devoir maintenir ce jeu risqué d’ici la fin de la saison?

"Dans différents moments, l’équipe a besoin de créer ces moments offensifs mais je ne dis pas qu’ils doivent le faire pendant tout le match. L’équipe a toujours joué de cette façon depuis longtemps. Nous ne sommes pas en train de dire : "tentons le tout pour le tout, allons tous en attaque!". Le 2-5 pour Schalke était aussi incroyable pour nous que pour eux. L’intensité de la première mi-temps était extraordinaire, mais après la pause, les joueurs ont manqué de lucidité, notamment sur certains épisodes de la rencontre. Maintenant, c’est sûr que je ne vais quand même pas mettre 8 défenseurs sur la pelouse, il faut juste savoir s’adapter."

Tu as parlé de blessures, mais il y a certains joueurs qui n’ont presque pas joué et qui ne devraient donc pas être fatigués…

"Peut-être que vous ne le savez pas, mais ceux qui sont hors du terrain sont morts. C’est beaucoup mieux de rester sur le terrain que dehors. Milito est revenu vraiment au top, c’est un héros. Vous ne savez pas ce que ça signifie de faire une préparation physique comme la sienne… Cela dépend pour chaque joueur, aujourd’hui nous avons quasiment tout le monde à disposition. Par exemple, Stankovic a joué seulement 20 minutes lors de ces deux derniers matchs. S’il réussit à récupérer, il jouera, mais il va déjà mieux. Nous verrons chacun des cas match après match."

Un Leo dirigeant aurait dit quoi par rapport à la défaite 2-5 du Leo entraîneur?

"J’aurais été moins bon que Moratti je pense. Tout ce que je peux dire, c’est que je doit remercier le président."

Rédigé par BiscioneNerazzurro & p-h08 (Fcinternews.it)