Suite aux déclarations du Président Moratti qui ne cache plus son très probable départ et la vente de l’Inter à Erick Thohir, le directeur de la Gazzetta Dello Sport, Andrea Monti, s’est adressé aux tifosi nerazzurri via une lettre publiée sur le site de la Gazzetta pour exprimer son sentiment sur le tournant historique qu’est en train de prendre le club nerazzurro.
Internazionale.fr vous propose de découvrir le contenu de cette lettre :
"Chers lecteurs et chères lectrices, j’observe aujourd’hui, avec une certaine consternation, la première page de la Gazzetta, mais ne ne désespérez pas: c’est la fin d’un monde, pas la fin du monde.
’Je ne serai pas plus le Président’: avec ces quatre mots et un demi-sourire, Massimo Moratti - qui continue également de repousser l’inévitable - annonce de fait que l’Inter, après dix-huit ans, ne sera plus sienne. Bien sûr, le nom de l’entreprise familiale reste, au moins dans un premier temps, mais le contrôle de la ’Beneamata’ va appartenir à trois hommes d’affaires indonésiens. Une Indo-inter?
J’essaie de l’imaginer, même s’’il est encore tôt suite à une longue nouvelle annoncée argileuse qui se consolide et qui se transforme en sculpture, ce visage d’un inconnu au sourire oriental, insondable. Dans nos yeux, les votre et les notres, défile un second film de passion et d’ émotion, celui d’un garçon qui en 1964 levait timidement sa première Champion’s League conquise par son père et qui se retrouve presque cinquante ans plus tard à en lever une autre qui porte son nom: la nuit de Madrid, le ’Triplete’, le rêve d’une vie, le complexe de Œdipe. Amis et adversaires, même les plus acerbes juventini, en sont d’accord: c’est un grand roman d’une épopée sportive, avec une véritable substance.
Pour vous, pour nous de la Gazzetta, pour tous les amoureux du football, l’adieu de Moratti est un tournant. Le dernier des mohicans s’en va, lui qui définit l’image du Président Tifoso prêt à parier une fortune pour une foi, quelqu’un que vous pouvez aimer ou haïr, mais qui est présent tous les jours, un symbole de continuité avec ses déclarations, ses lunettes à mi-hauteur, les cigarettes tirées rapidement, ses interview rapides à la Saras, inébranlable et rassurant (’Aujourd’hui, je ne parle pas...’, ’Excusez-moi, qu’avez-vous demandé?’), ses cheveux ébouriffés, son visage de personne respectable. Dire que le football italien ne sera plus jamais la même chose est négatif, voire banal: dans l’ambiance, de la télé aux vestiaires, des différents bilans hérités de nos pères, il ne sera plus présent.
Mais aujourd’hui, symboliquement, le dernier encouragement est passé et nous assisterons au début de la nouvelle Inter d’une Inde lointaine avec la même anxiété et le même enthousiasme que celle de la foule de Palos de la Frontera qui a accueilli Christophe Colomb et ses navires dirigés vers l’inconnu. En touchant du bois bien sûr. Mais la première pensée est: viendra-t-il? Et la seconde, plus cyniquement : apportera-t-il richesse et nouveaux trésors? Je pense que oui, cher peuple. Dans le fond, le nouveau monde existe et nous devons essayer de le conquérir. Même Handanovic qui, en repoussant les offres de la mondialisation du reste du continent qui compte parmi eux les cheikhs et le business planétaire, a déjà remporté le match.
Comprendre, pour le pur et dur, que tout cela se résigne à un projet juste. La triste histoire d’un magnat de ballon, obligé de vendre en raison de la montée de la dette est franchement absurde. C’est vrai qu’il rencontre des difficultés dans ses compagnies compagnies pétrolières et que la dette de 50 millions d’euros par an dans le stade de San Siro est totalement insensée, mais Moratti vaut encore quelques milliards. Il pouvait se permettre de continuer sereinement avec les engagements de Cambiasso et de Zanetti en tant que présence éternelle pour les générations à venir. En fait, le raisonnement du Président qui aimait (et récompenser grassement) il Chino Recoba au-delà de toute logique, a toujours été correct. Il songeait à l’avenir de sa créature. Je l’ai déclaré il y a quelques semaines dans la Gazzetta et je pense que c’était honnête: ’sans l’internationalisation, il n’y a pas d’avenir, mais vous mettre dans un marché uniquement oriental est difficile et coûte une fortune. Si l’Orient se présente à vous, le mercato suivra derrière.
Tho-hir Tho-hir. Franchement, je ne peux pas imaginer ce nouveau refrain émanant des tribunes. Mais il devra se rappeler que l’Inter et seulement l’abréviation d’Internazionale et que l’ouverture au monde est dans son patrimoine génétique. On raconte que l’Ambrosiana Inter a été fondée au début du siècle dans une taverne sur les bases de dissidents de 44 personnes qui avait abandonné le Milan car il n’était pas partisan de la venue de joueurs étrangers. L’instigateur de la révolte, Giorgio Muggiani était un peintre et un artiste bizarre: c’est lui, j’en suis certain, qui est la racine, le germe de l’identité d’équipe, l’idée même de ’la Pazza Inter’. À la table du Restaurant L’Orologio le soir du 9 mars 1908, il célèbre la naissance avec une seule phrase: "cette nuit de belle couleurs va nous donner notre blason: une toile de fond noir et bleu du ciel étoilé. Il sera appelé Internazionale, car nous sommes les frères du monde".
Par Andrea Monti
Rédigé par Antony & p-h08
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