Marcus Thuram : "En France, personne n’a compris pourquoi tu as choisi l’Inter aux dépens du Paris-Saint-Germain"

Buteur, passeur, jeu de qualité au service de l’équipe: C’est un fait, Marcus Thuram a connu des débuts positif à l’Inter, en s’offrant immédiatement un rôle de protagoniste. Celui-ci s’est livré au cours d’une très longue interview au quotidien français "L’Equipe" que nous relayons via nos confrères de Fcinter1908.it

Tu arrives à ce stage en ayant les meilleurs statistiques des attaquants centraux des Bleus : 3 buts, 5 passes décisives et 2 pénalty gagnés. Cela te donne-t ’il de nouvelles ambitions ?

"J’arrive en équipe nationale toujours de la même façon, en voulant remercier pour la confiance qui m’est accordée. Je ne considère pas ce stage plus important qu’un autre car tous le sont : J’arrive avec l’envie de me montrer performant et de venir en aide à l’équipe."

Mais ton statut a évolué : Il s’est passé très peu de mois depuis les convocations pour le Mondial et tu es devenu crédible au poste de numéro 9 : Penses-tu que l’opinion des personnes a changé ?

"Je ne pense pas à la façon dont je suis perçu. Chaque fois que je vais en Equipe de France, j’y vais pour donner le maximum. Que je sois le 26ème appelé ou pas."

Le fait d’avoir marqué avec les Bleus durant la victoire 2-0 face à l’Irlande le 7 septembre, après 11 titularisation, t’as-t’ il libéré ?

"Non, je ne ressentais pas le poids de l’attente : Je savais qu’en continuant à jouer autant de la sorte que je finirais par marquer un but (il rit) . Je ne le considère pas comme un élément déclencheur : L’important est d’acquérir l’expérience internationale."

Regardes-tu ce que font tes concurrents le week-end comme Olivier Giroud ou Randal Kolo Muani?

"Oh non, jamais, je ne penserais jamais à faire comme ça : Je sais qu’il y a d’excellent attaquants en France, je me concentre sur ce que je sais faire moi : Si les autres attaquants marquent, c’est bénéfique pour l’équipe."

Mais n’as-tu pas, un jour, l’objectif de devenir titulaire chez les Bleus ?

"Mais c’est l’objectif de chaque joueur français, non ? Pour moi c’est un rêve d’enfance, c’est ce qui me fait me lever le matin, c’est l’essence même de mon travail, celui de devenir un jour titulaire: Je sais ce que je eux, je sais ce que je fais, je connais les sacrifices que j’ai fait et que j’aurais encore à faire pour y parvenir. J’ai toujours la même ambition : Devenir la meilleure version de moi-même et ce que je veux, c’est continuer à progresser et c’est ce que je fais aujourd’hui."

Didier Deschamps, en conférence de presse, a insisté sur le fait que l’Inter joue avec deux attaquants. Ce qui amène à douter de te voir te débrouiller seul : Qu’as-tu a lui répondre ?

"Je n’ai rien à dire à dire à l’entraineur (il sourit).  Ensuite tout le monde sait que lorsque j’étais convoqué l’année dernière, j’étais seul en pointe à Mönchengladbach. C’est à moi à m’adapter aux différents systèmes : Je pense avoir suffisamment d’intelligence dans le jeu pour y parvenir."

Comment a évolué ton jeu depuis ton arrivée en Serie A ?

"L’Italie m’apprend à être spécifiquement un travailleur, c’est la raison pour laquelle j’ai choisi l’Inter : Cela me permettra vraiment de me stabiliser à cette position centrale. Ensuite cela m’apporte d’autres choses: On me demande de jouer aussi en pivot pour mes équipiers, d’être le point d’appui pour les milieux et d’attaquer la profondeur : C’est un mix de plusieurs choses : Au fur et à mesure que cela avance, j’apprends ici des nouvelles méthodes de jeu."

As-tu l’impression d’être devenu une "Cible" comme Olivier Giroud ?

"Je ne défini pas mon poste en un mot, cet aspect de pivot est une qualité que j’aurais dû avoir et sur laquelle je dois encore bosser. Mais je ne me limite pas à cela : Il y a la profondeur, casser les lignes, être à la réception des centres : La position du numéro 9, selon ma perception, exige beaucoup de qualité différentes : J’aime savoir faire des choses différentes et cette équipe me permet de développer tout cela."

Mais ce n’est pas plus difficile, plus contraignant, d’être ce type d’attaquant ?

"Je prends des coups mais je ne le vois pas plus difficile : Parce que cela m’aidera à devenir la meilleure version de moi-même. Il n’y a que très peu d’espace lors des grands matchs de Ligue des Champions ou avec la France, et ce que j’apprends ici me sera utile : J’ai énormément grandi en très peu de mois à l’Inter."

Quel est l’apport précis de ton entraineur, Simone Inzaghi?

"Il m’apporte cette vision du football selon laquelle nous faisons les choses pour une raison : Un positionnement, un mouvement, tout est fait pour une bonne raison : Je ne sais pas si ce que je vous dis est clair, il rit! En fait, de chaque mouvement découle quelque chose et je travaille sur cela au quotidien avec énormément de vidéos, en onze face à personne où chaque mouvement doit être réalisé d’une façon hyper précise : L’entraineur développe mon intelligence de jeu."

Tu as déjà délivré cinq passes décisives : Considères-tu ce rôle de "Distributeur" comme faisant partie des qualités nécessaire pour un numéro 9 ?

"J’ai toujours eu une conception très altruiste du football : La réalité est que je ne veux rien forcer, mon idée est de toujours respecter le jeu, cela revient à dire ce que j’ai dit auparavant : Être intelligent. Si je dois passer le ballon, je n’ai aucun problème à le faire, si je dois marquer, idem."

Comment s’organise la distribution des rôles avec Lautaro Martinez ?

"C’est assez organique : Lautaro est un des meilleurs attaquant du monde. C’est instinctif : Nous ressentons le jeu de l’autre, c’est un joueur très technique qui sait aussi jouer pour ses équipiers. C’est chirurgical, ce que j’aime c’est la qualité de son dernier touché, le calme qu’il a. Je suis fier de jouer avec lui."

"Être avec Alexis Sanchez, qui ne se décourage jamais, est une source d’inspiration, la façon dont Marko Arnautovic bouge son corps m’inspire aussi. C’est le club parfait pour progresser. Ensuite, j’ai pas mal de choses sur lesquelles travailler."

Quel type de choses ?

"Je ne vais pas te révéler mes secrets (il rit) Et tu dois savoir qu’il y en a encore, j’espère qu’il y en aura toujours. J’ai 26 ans et j’apprends de nouvelles choses à chaque matchs, à chaque entrainements, lors de chaque discussions avec l’entraineur, mes équipiers : J’apprends des novelles choses. Savoir qu’il me reste quasi un monde à découvrir, à apprendre est très excitant."

L’année dernière, tu as expliqué à quel point tu étais obsedé, au quotidien, par ce nouveau poste : As-tu cultivé aussi cette obsession pour le but ?

"Non, aujourd’hui, elle est en moi : Aujourd’hui, lorsque je monte sur le terrain, en match, à l’entrainement, je dois toujours être décisif : Je suis un 9."

Tu as déclaré avoir fait le bon choix : Comment l’Inter est parvenue à te convaincre ?

"Tu dois savoir qu’il y a deux ans, l’Inter m’avait contacté: Je jouais comme ailier, mais elle m’avait déjà classifié comme un numéro 9. Ils sont très peu ceux qui avaient cette vision : Elle avait une connaissance très précise de mon potentiel à développer."

Le Paris-Saint-Germain t’a constamment cherché, est-ce que tu as hésité ?

"J’ai parlé avec tant d’autres clubs, ce n’était pas un choix facile, c’était un choix qui aurait défini ma carrière : Je suis convaincu d’avoir fait le bon choix."

En France, personne n’a compris pourquoi tu as choisi l’Inter au dépends du Paris-Saint-Germain et d’autres grand clubs européen...

"Mais je ne demande à personne de comprendre mon choix, je connais la raison de ce choix, je sais que ceux qui connaissent le football savent ce que représente l’Inter : Des joueurs immenses ont joué ici. Lorsque j’endosse ce maillot, je ressens l’Histoire, Il y a un enthousiasme extraordinaire, lorsque je rencontre des personnes dans la rue, tous me parlent de la rencontre qui va arriver."

"Allez voir le Derby (victoire 5-1 contre l'AC Milan, le 16 septembre), le bruit, les émotions. Après mon but, par exemple, c'était exceptionnel. L’Inter est l'un des plus grands clubs d'Europe. Et puis, je rejoins une équipe stable, qui fonctionne très bien, qui a été finaliste de la Ligue des champions, elle l’a perdue 0-1 contre Manchester City, le 10 juin, qui a de grands joueurs. Mon choix est lié à tout cela."

Comment arrive-t-on à un tel choix ?

"Après énormément de discussions, de projections, d’analyse de match, et il y a une forme de sentiment : Je sais au fond de moi que c’était le meilleur choix possible."

Durant cette période, as-tu eu des contacts avec tes équipiers de l’équipe de France ? Theo (Hernandez) et Olivier (Giroud) t’ont-ils dit de venir au Milan et Kylian Mbappé à Paris ?

"Non, c’est quelque chose de personnel, honnêtement."

As-tu eu des regrets en voyant Randal Kolo Muani et Ousmane Dembélé arriver au Paris-Saint-Germain ?

"Non, pourquoi ?"

Car tu t’entends bien avec eux...

"Si je veux les voir, je pars en vacances avec eux, il sourit : Ma carrière répond à une logique d’évolution : Je ne définis pas un choix de carrière sur la base de mes amis."

Le Saviez-vous ?

Au contraire de son père, Lilian défenseur et tout de même Bourreau de la Croatie en 98, Marcus Thuram est en verve devant le but car personne n’a délivré autant de passe décisive cette saison que Marcus dans le Top 5 des grands championnat européen! Dans ce classement, il est à égalité avec James Maddison (Tottenham) et Saúl Ñíguez (Atletico Madrid).

De plus, Marcus est le premier attaquant à avoir offert 5 passes décisives lors de ses 8 premiers matchs dans l’Histoire de la Serie A au cours de ces 20 dernières années. Avec un peu plus de "méchanceté", de "vice" il pourrait devenir un joueur "Spaziale" car ses statistiques sont déjà cruciale pour notre Inter.

®Antony Gilles – Internazionale.fr