MARIO BALOTELLI : "QUEL EST L’EXEMPLE A SUIVRE ?"

MILAN - Chaque semaine, un joueur de l'Inter est mis en vedette par l'intermédiaire de Skysport via l'émission "Spécial100one", qui est retransmise chaque vendredi à 18h30. L'invité de cette semaine est Mario Balotelli et Internazionale.Fr, via Karon, a l'honneur de vous retranscrire en intégralité et en exclusivité française cet entretien.

Balotelli : A peine 18 ans et déjà ta propre marque de vêtements...

"Avant toute chose se sont des vestes, la "De Cuba", et à partir de celle-ci on a décidé d'en faire une autre : ma SMB (ndr: Super Mario Balotelli). En plus d'être originale, on l'utilise pour financer de jeunes bresiliens plus une école pour son projet de mosaiques. J'ai accepté volontiers et j'espère que ça continuera ainsi".

L'Inter est première au classement en championnat comme en Europe, et est cependant, toujours critiquée...

"Je n'arrête pas de lire les journaux ou de regarder la télévision et j'entends toujours que nous sommes en crise ici et là. Peut être que nous ne produisons pas un jeu très flamboyant, mais on joue bien, on gagne et on a des résultats. En Europe on reste premiers, je ne vois pas où est le problème dont parlent les journalistes. Selon moi les critiques dépendent de la sympathie personnelle que les journalistes ont envers certaines équipes et certaines personnes...".

Comment ça se passe avec José Mourinho ?

"A merveille, enfin pour ce qui me concerne. Quand je fais des erreurs je suis repris, et quand je joue bien je suis complimenté".

Le rappel à l'ordre de Mourinho après le match contre le Genoa t'a servi ?

"Je n'avais pas compris ce que je devais faire, je devais rester loin mais rester en pointe. Le jour d'après je lui ai clairement dis que je n'avais rien compris, il m'a dis que ce n'était pas un problème, il fallait juste que ça ne se reproduise plus, et on a travaillé en ce sens. Tactiquement je m'améliore, des fois encore je fais des mouvements contraire à ce qu'on me demande, mais ça va bien".

On peut comparer José Mourinho à un professeur sévère ?

"C'est comme un prof oui. C'est normal que quand tu fais une erreur tu sois réprimandé".

Pour vous les joueurs, avoir un paratonnerre comme Mourinho compte ? Il enlève vraiment la pression de vos épaules ?

"Les journaux parlent moins des joueurs et on le sent, ça fait du bien. C'est sûr que c'est un entraineur avec un caractère très particulier".

L'Inter de cette année est plus forte que la précédente ?

"C'est une équipe différente. Zlatan par exemple, quand je suis arrivé il était blessé... Cette année on joue aussi avec un autre système de jeu, plus offensif, on joue quand même aussi bien cette année que l'an passé. La saison dernière je jouais comme pointe ou ailier dans un 4-4-2. Cette année en pointe d'attaque ou derrière Zlatan dans un 4-2-3-1, ça me va très bien aussi. Si je me sens à l'aise ? A l'aise non parce que je me fatigue beaucoup, par contre je le fais avec beaucoup de plaisir, du moment que je joue ça me convient parfaitement".

Ta saison dernière t'a aidé à mûrir, à acquérir de l'expérience ?

"Jouer à l'Inter fait mûrir n'importe quel joueur parce que c'est "l'équipe à battre". Pour un jeune comme moi c'est positif de jouer avec une équipe qui doit toujours gagner, faire un résultat et être toujours meilleur. Chaque entrainement est un vrai match, une vraie leçon: de chacun d'entre eux il y a quelque chose à apprendre, mais pas seulement des attaquants, mais aussi des milieux, des défenseurs, et aussi beaucoup sur l'attitude en dehors du terrain".

Tu donnes toujours l'impression d'être imperméable à la pression, c'est vrai ?

"J'ai senti la pression à Inter-Sienne : Je l'étais et après avoir marqué je ne pouvais plus m'arrêter de bouger. Pour Inter-parme non, mais contre Sienne oui. Et aussi contre le Werder, mon premier match en Champions".

Le premier but européen, quelle saveur a-t-il ?

"Il a été facile, une énorme sensation, mais il a été très facile à mettre".

Avec Mancini tu donnais l'impression d'avoir plus de libertés, maintenant moins : Tu le ressens comme ça ?

"Ca dépend de la façon de jouer, Mancini avait un module, Mourinho un autre. Oui j'étais un peu plus libre, mais avec notre module d'aujourd'hui, se retrouver à trois proche de la surface, la liberté se sent aussi".

Dans les autres nations comme l'Espagne et l'Angleterre il y a moins d'appréhension à lancer des jeunes, en Italie non, ça te parait juste ?

"Je regarde les joueurs étrangers à la télévision, des fois certains me demandent "c'est qui le plus fort entre Bojan et toi ?" Je ne répond pas, mais j'y pense et je dis que Bojan ne joue pas tout le temps, mais quand il joue il marque. Ce n'est pas tellement le fait de jouer à l'étranger, il est fort tout simplement. Mais c'est vrai qu'ils font jouer les joueurs normaux, pas les phénomènes mais les bons joueurs, ils les lancent plus qu'en Italie, où nous cherchons plus le résultat. Ailleurs ils cherchent à lancer les jeunes pour préparer l'avenir. Mais ici je n'ai pas ce problème".

Peut être que dans un autre pays tu serais déjà titulaire en équipe nationale...

"L'équipe nationale arrive quand tu la mérites... Maintenant je dois gagner l'euro avec les espoirs, après on en reparlera".

Quel est l'exemple à suivre ?

"Je parle beaucoup avec les autres joueurs, pas que ceux qui jouent à l'Inter, savoir quelle vie ils ont... Je n'ai pas un seul mentor je parle avec tout le monde".

Je peux te demander une chose ? Aujourd'hui tu as fais un petit pont à Materazzi à l'entrainement... Et ça a failli mal se passer sur son tacle, comment est-ce arrivé ?

"Ah ça demande lui... Je n'ai rien de spécial à commenter dessus".

Par bonheur tu n'est pas blessé.

"Parce que je l'ai esquivé en sautant... mais Marco m'aime bien, Materazzi est très bon et me donne toujours de bons conseils".

C'est dur de repousser ta propre nature ?

"Des fois je me contrôle, plus tu deviens quelqu'un de publique, plus ce que tu fais va devenir un modèle pour les enfants qui te voient comme un symbole. Je cherche à avoir une bonne attitude pour eux, mais des fois c'est trop difficile".

L'an passé tout le monde t'avait collé l'étiquette du provocateur...

"Quand on ne connait pas encore un joueur, les gens te regardent jouer, et si ça arrive deux fois sur trois, ils te collent une étiquette pour faire vendre".

Parlons de Giovanni Valenti (Son premier entraineur)

C'était quelqu'un qui me voulait du bien plus que tout, quand j'étais jeune il a été mon premier entraineur mais surtout il était très lié à ma famille, il m'a beaucoup aidé pour ma formation, il disait que j'avais un énorme potentiel, puis il a joué à l'Atalanta dans le passé, alors il voulait que j'y joue... Il a été très important pour moi".

De Martina

Comme milieu dans son rôle et pour son âge, c'est l'un des plus forts, comme je l'ai toujours dis. Lui et moi allions toujours au stade pour jouer au foot, on faisait un cage à cage et je gagnais toujours (rires).

De Paloschi

Je l'ai connu quand je jouais à Lumezzane je jouais contre le Milan et on a parlé, il est très sympa, quand on joue l'un contre l'autre on en profite toujours pour se rencontrer par la même occasion.

Comment se gère le succès à 18 ans ?

"Quel succès ?... Je cherche à rester les pieds à terre, de penser à autre chose, il y a très peu de gens qui se levent le matin et peuvent se dire : "Je joue avec des gens comme Ibra, Vieira, Zanetti", aujourd'hui c'est devenu naturel, mais quand j'y pense je me dis Mario continue comme ça, ne te prends pas la tête, tu serais idiot de tout perdre comme ça".

Ton rapport avec tes amis hors du terrain a changé ?

"Si quelque chose à changé alors se ne sont pas mes amis, se sont juste des connaissances".

Mourino a dit que Balotelli en ce moment peut jouer certaines parties mais pas d'autres : comment tu l'expliques ?

"Je me dis que peut être certains match il est juste que je joue, d'autres non, si pendant la semaine je ne mérite pas à l'entrainement il est normal que je sois sur le banc et que je joue quand j'aurai plus prouvé, parce que je n'ai que 18 ans alors que d'autres en ont 30. Si je suis sur le banc pendant 3 mois je me dirai "Mario quelque chose ne va pas", pour 2 matchs je ne suis pas content mais je ne vais pas me lamenter".

Quand tu es sur le banc tu fais toujours de sacrées grimaces...

"Je suis comme ça, c'est normal je veux jouer, si quelqu'un rigole sur le banc c'est normal qu'il y reste si il y est heureux".

On m'a dis que tu traitais Obinna de vieillard...

Mais il n'est pas vraiment né en 87, il vous ment !... Je rigole ! Lui c'est vraient quelqu'un de très très fort, bon, sympathique, qui ne dit jamais de méchancetés, il donne toujours des conseils, il a une vie très saine en dehors du terrain. Et puis il est terriblement fort".

Il semble malheureusement n'être que de passage...

"Quand je l'ai vu je lui ai dis c'est pas possible, cherche à rester. Il me disait qu'il s'en allait : qu'il ne resterait pas...

Toujours Mourinho, il a dis que ce n'est pas facile de gérer le succès quand tes amis ont 10€ en poche.

"Si je sors un soir avec des amis, peut être deux soirs de suite, une fois restaurant et l'autre cinéma: je paie le restaurant et un autre le cinema, la deuxieme fois moi le cinéma puis lui le restaurant. Si un ami me dit aujourd'hui qu'il n'a plus d'argent je lui dis "je paie, tu paieras une prochaine fois." Il n'est pas question que quand tu aies de l'argent tu paies toujours, et mes amis ne l'accepteraient pas, sinon ils seraient des profiteurs".

Comment vois-tu l'élection d'Obama, président des Etats-Unis ?

"Toujours cette question, un président afro-américain, c'est comme si le Pape était noir. On verra ce qu'il fera, c'est sûr que c'est une grande première, on verra comment ça se passera. Même les étrangers, et pas seulement africains, peuvent être importants dans ce monde, c'est peut être le début de quelque chose qui améliorera notre monde".

Les cris racistes ?

"J'en suis arrivé à un point où l'ignorance est tellement grande... Personne ne dit rien quand je rentre, je suis indifférent. Quand je jouais avec les espoirs en Israel ils m'ont bien sifflé, mais j'étais content parce que je sentais à quel point je leur faisais peur".

Cela représente quelque chose de particulier pour toi de jouer contre Palerme ?

"Ah, parce que je suis titulaire c'est officiel ? Je ne suis jamais allé dans le stade de Palerme, pourtant c'est une ville sublime, j'en suis amoureux. C'est là que je suis né, et puis les gens sont tellement formidables, j'y vais chaque été, pour moi c'est un paradis, comme toute la Sicile".

Quel conseil donnerais-tu à Adriano ?

"Sincèrement dans un moment un peu comme ça, de la part d'un ami je lui conseille de s'entrainer comme il l'a toujours fais, et d'attendre janvier pour voir ce qu'il veut faire. L'important est qu'il s'entraine et ne fasse pas de mauvaises choses en dehors du terrain, c'est mon conseil d'ami. Mais les journaux disent toujours beaucoup de choses... Même ma mère, quand elle lit le journal dit des choses sans le vouloir: je lui dis: "maman tu ne connais pas Adriano, c'est quelqu'un de fantastique, il ne ferait pas de mal à une mouche, je ne sais pas pourquoi les journalistes veulent l'enterrer, c'est un garçon en or et il sait quand il fait des erreurs, je ne vois pas pourquoi ils veulent l'abattre comme ça".

Tu n'as jamais peur d'être pris en photo en discothèque ?

"Si je vais en boite c'est parce que je peux y aller. Je suis allé au Toqueville et une fois on m'a pris en photo avec un mannequin. Je voulais en pleurer... Mais rien que le fait qu'on me voit avec un mannequin, l'image que mes frères ont eu du mal à me construire est toute détruite. Il peut y avoir des jolies filles très intelligentes, mais les gens disent : joueur+mannequin = deux abrutis. Avec celle là je n'avais même pas parlé, seulement une photo et elle est partie, puis dans la photo ils nous ont mis plus proches que ce que nous étions, pour lui faire de la publicité...

Tu parles encore avec Mancini ?

"Non, j'ai au telephone son fils Filippo parce que nous sommes amis, je lui souhaite d'entrainer une équipe et de faire ce qu'il sait faire, parce qu'il l'a toujours bien fait".

Qu'est-ce que l'Inter va gagner cette année ?

"Tout ce qu'il est possible de gagner".

Tu t'es acheté une Bentley ou pas ?

"Mais de quelle Bentley tu me parles... Selon toi Zanetti va venir me voir et me dire d'acheter ça ? Ils me disent de m'acheter une voiture de mon âge. Si un jeune de 18 ans arrive à Appiano en Ferrari ils diront... Enfin tu as compris. De toute façon je passe l'examen le 4 decembre. Le problème n'est pas la conduite je sais conduire, c'est les questions".

Quand Obama a été élu Berlusconi a dit :" Il est jeune, beau et bronzé".

Je suis beau et bronzé, je dirais qu'il aimerait me ressembler... Rires".

Rédigé par Karon (Inter.it)