MORATTI : "LE MATCH D’HIER ÉTAIT DÉLICAT"

ABU DHABI - Au lendemain de la demi-finale de la Coupe du Monde des Clubs FIFA 2010, dans la salle de réunion de l’équipe, située au 5ème étage de l’hôtel qui reçoit le groupe Nerazzurro, Massimo Moratti a revu, avec les journalistes italiens et étrangers, la personnalité de l’Inter, capable de gagner un triplé, mais il est aussi revenu sur le mercato, sur la forme du Capitaine, sur l’entraîneur Benitez, sur le tirage de la Champions League et bien évidemment sur la victoire contre les sud-coréens.

Internazionale.fr vous propose de découvrir l’intégralité des déclarations du Président Nerazzurro.

Président Moratti : vous avez affronté cette demi-finale avec prudence avant de l’emporter avec assurance.

"Oui, vraiment. Ce qui pouvait nous gêner, ou nous faire peur, c’était qu’il s’agissait d’un match éliminatoire et il aurait donc été embêtant de sortir à peine la compétition entamée. Nous avons joué contre une équipe très redoutable, une équipe que nous connaissions moins, parce que nous affrontons ici des équipes nouvelles, que nous découvrons pendant ce tournoi, mais nous ne savions pas à quel point elles pouvaient être surprenantes. Tout ceci nous mettait donc en condition de crainte et de prudence."

"Cependant, je comptais vraiment beaucoup sur la réaction des joueurs. J’ai assisté aux entraînements, j’ai vu leurs expressions et je les ai trouvé très concentrés. Ce n’est pas facile de traduire les sentiments que tu ressens en réalité, ils ont bien joué et ils l’ont fait de manière adaptée à l’adversaire. L’équipe a disputé une partie intelligente."

En écoutant les déclarations d’après-match, nous avons compris que vous sembliez un peu surpris de l’atmosphère que l’on pouvait ressentir au stade, et que par moments, vous ne sembliez pas être dans un stade de football…

"Je me suis peut-être mal exprimé hier soir et je m’en excuse. Il y avait un grand enthousiasme, aussi bien de la part des supporters locaux que des autorités poilitiques, mais aussi des gens en tribunes communes. Ensuite, et c’est ce que je voulais souligner, j’admire beaucoup les personnes de la FIFA parce que je vois comme ils réussissent à être impassibles devant un match de football. Je voudrais être comme eux, je voudrais être un peu moins émotif."

Comment avez-vous réagi à la blessure immédiate de Wesley Sneijder ?

"Je dois être sincère, j’ai rapidement cherché à ne plus y penser, je suis resté impassible et j’ai assisté cela comme si ça n’avait rien à voir. Je crois que c’est une chose que nous devons payer, et j’expliquerai pourquoi, mais c’est ainsi, nous l’avons payé. Ensuite, le match est redevenu normal. Je regrette beaucoup pour Sneijder, il s’était très bien préparé à ce match auquel il tenait beaucoup, c’était un peu une revanche pour lui face aux résultats pour le Ballon d’Or. Il aurait très bien joué mais malheureusement, il n’a pas pu."

Aviez-vous déjà pensé participer, et peut-être gagner, un Mondial des Clubs dans un pays arabe ? Et êtes-vous surpris de l’affection des gens de cette partie du Monde envers l’Inter ?

"A propos de la seconde question, j’ai eu la chance de faire beaucoup de voyages dans le monde arabe ou au Moyen Orient, et ce autant pour le travail que pour l’Inter, et je dois être sincère, à chaque fois que je viens ici, leur connaissance de tout ce qui concerne l’Inter et même de tout ce qui concerne le football Italien en général m’impressionne toujours beaucoup. Il y a toujours cette grande affection, et le nombre de personnes qui suivent l’équipe est toujours impressionnant. J’ai toujours été impressionné par tout cela. Même ici, à Abu Dhabi, l’accueil a été très sympathique, très discret, et avec beaucoup d’éducation comparé à l’Europe. Je suis très impressionné et nous espérons pouvoir donner en échange un bon résultat à la fin du tournoi."

Tout le monde s’attendait à une finale de l’Inter contre les brésiliens de l’Internacional : est-ce que le fait de disputer le trophée contre une équipe africaine enlève quelque chose au charme et à la valeur même de la finale ?

"Je crois qu’une finale est toujours une finale, quelle que soit l’équipe à affronter. Ce sera une belle finale, même si cela aurait peut-être été un défi plus important pour la tradition contre l’équipe brésilienne, mais les africains ont eux aussi réalisé un parcours prestigieux. Nous recommençons à gagner, le reste des critiques importent peu."

Pouvons-nous dire que nous avons revu hier soir l’Inter de la saison passée ?

Sur le plan de la personnalité. Hier soir, l’équipe était un morceau unique, sans complexe, un ensemble de personnes qui ne voulaient pas faire seulement bien pour eux-même. Il n’y avait rien de négatif, c’était une Inter combative et qui apportait de la sûreté. Maintenant, il faudra confirmer tout cela lors de la finale de samedi."

Pour la famille Moratti, quelles valeurs ont rapportées l’Inter en revenant sur le toit du monde 45 ans après?

"C’est intéressant… Il y a vraiment eu une belle participation de la part de tout le monde, et je ne parle pas seulement de mes fils, mais plutôt de tous ceux qui ont vécu ces années, ces grands rendez-vous, ces victoires. Nous disons que la compétition d’aujourd’hui est vue comme quelque chose qui nous fait redevenir jeunes."

Pour revenir à l’actualité, mais cette fois à celle du mercato, on dit qu’Andrea Ranocchia est proche de l’Inter, et ce déjà pour janvier.

"Je dois encore une fois être sincère, je l’ai lu dans les journaux. Nous ne possédons que 50% du joueur, mais je ne sais pas vraiment quoi vous dire d’autre sur ce sujet, je le crains. Je pense aujourd’hui ce que je n’ai pas toujours pensé dans le passé à cette période : je ne fais pas mon marché par rapport aux blessures, je n’irai pas prendre un meneur de jeu parce que nous n’aurons pas Sneijder à disposition. Je continue à être têtu et à penser que cette équipe est déjà bonne ainsi. Ensuite, nous verrons."

UNE SITUATION COMPLIQUEE

Président Moratti, outre la réaction des joueurs, comptiez-vous aussi sur celle de de Rafael Benitez ?

"Ce n’est pas une personne nerveuse, il a donc un certain type de réaction. Sa réaction a été la concentration, le caractère professionnel, l’expérience. Il a pris en main une situation objectivement pas facile pour ceux qui lisaient la presse, même concernant quelques-unes de mes déclarations, et pour ceux qui soutenaient la même équipe que les supporters de l’Inter. Il a su reprendre la situation en main, avec sérieux, calme et expérience. Il me semble qu’il a aussi fait un bon travail au niveau de la préparation psychologique. Je répète, le match d’hier était délicat pour beaucoup de raisons."

Durant cette période, a critique s’est-elle trompée dans le récit de votre rapport avec l’entraîneur ?

"Non, je ne crois pas qu’elle se soit trompée. Ca n’a pas été une période facile pour nous, chacun défend son travail naturellement. Le mien, par exemple, a été d’être sage, et ce n’était pas un travail facile. Être sage pour comprendre que nous avions l’équipe pour maintenir un certain niveau, une équipe construite pendant les dernières saisons gagnantes. Il était donc assez naturel que nous ne pouvions pas être satisfaits devant une chute de ce genre, mais en même temps, il était fondamental de comprendre et d’étudier cette situation, et d’en comprendre les possibilités afin d’aller de l’avant. Cette situation s’est créée, ce que vous avez écrit n’était pas erroné, cependant Benitez a su bien s’exprimer, mais surtout reprendre en main la situation, une situation qui, je le répète, n’était pas simple."

UN CAPITAINE RASSURANT 

Chaque groupe a un noyau dur, quelqu’un sur lequel on peut toujours compter. Hier soir, encore une fois, le noyau de base a été Javier Zanetti.

"Il est fantastique. Il joue toujours sous cet aspect: ce que tu sais faire, il le fait, et il le fait même mieux. Je l’ai vu ces derniers jours, et même en parlant avec ses camarades, il a cette attitude très sûre, très rassurante pour tous. Il a aussi ce profil au caractère professionnel, parce que tu sais que s’il dit une chose, il la fera certainement bien. Son but, comment dire: il était en lévitation… 

Devra-il retourner à pied à Milan ? (ndlr : Zanetti avait dit que s’il marquait lors de cette Coupe du Monde, il reviendrait à pied à Milan)

"Dès que j’ai vu qu’il avait mis la balle dans le but, j’ai immédiatement pensé à ça… " 

En ce début de saison, y a-t-il eu un instant plus critique que d’autres ?

"Après chaque défaite, tu ne t’attends plus à perdre encore et encore. Mais j’ai toujours une certaine confiance en les personnes, je crois que si une personne est sereine et a des objectifs, elle réussit toujours à la fin."

Maintenant, il y a une finale à jouer, voire dans laquelle nous souffrirons. Benitez peut-il encore être un sujet de discussion ?

Ce tournoi est très important et nous sommes ici pour le remporter. Nous avons une équipe qui peut et qui doit gagner. Ceci vaut pour Benitez comme pour les joueurs, pour tout le monde en général."

Y a-t-il un adversaire que vous voudriez éviter demain lors du tirage au sort des huitièmes de finale de la Champions League ?

"Je ne pense pas à ça, sincèrement. Si tu affrontes une équipe qui n’a pas un grand nom et que tu perds, tu fais une contre-performance. Donc, mieux vaut affronter une équipe forte et qui nous donne des responsabilités à tous, une équipe que l’on devra tous affronter avec sérieux. Nous verrons demain qui ce sera et nous verrons ensuite comment cela se terminera sur le terrain."

Rédigé par Batista & p-h08 (inter.it)