MORATTI : "LE POINT DE DÉPART POUR PROGRESSER"

APPIANO GENTILE - En vue de la FIFA Club World UAE 2010 (Coupe du Monde des Clubs), programmée du 8 au 18 décembre 2010 à Abu Dhabi, le président Massimo Moratti a rencontré la presse au centre sportif « Angelo Moratti » d’Appiano Gentile. Il avait à ses côtés l’entraîneur Rafa Benitez et le capitaine Javier Zanetti.

Internazionale.fr vous propose la version intégrale des déclarations du Président nerazzurro:

Si l’Inter devait gagner le Mondial des Clubs quarante-cinq ans après, qu’éprouveriez-vous après que votre père Angelo Moratti ait accompli le même parcours ?

"Avant tout, je voudrais remercier tous les supporters japonais qui nous suivent et qui sont en constante augmentation, ce qui me fait plaisir. Pour répondre à la question, je ne dissocie pas mon bonheur du bonheur de tous les supporters, de celui de l’entraîneur et de celui des joueurs, parce que c’est un bonheur commun. Le football n’est pas un sport individuel et notre société n’est pas une société individuelle: nous sommes tous ensemble."

"Cet évènement me rappellera quelque chose que j’ai vécu étant jeune garçon, avec beaucoup de joie et avec beaucoup de souffrance, parce que le Championnat du Monde n’est jamais fait de parties faciles et nous devons nous préparer à cette situation. Cependant, je dois dire que même si nous avons beaucoup gagné, c’est très difficile parce qu’il faut beaucoup de caractère. Mais ceci fait partie des caractéristiques de l’Inter et j’epsère que nous en tirerons profit. Si nous réussissons à le faire, nous pourrons ressentir un énorme plaisir."

Lors des deux précédentes éditions disputées par l’Inter, l’adversaire a toujours été l’Independiente. Avez-vous assisté personnellement à ces matchs ?

"Je les ai vus. Mais celui qui m’a donné le plus de satisfaction, ça a été la finale de Madrid, parce que c’était une vraie et belle finale. En ce temps-là, on jouait un match en Amérique du sud et un en Italie. Il y’avait seulement deux matchs, ce n’était pas un tournoi comme maintenant. C’était très spécial, car il n’y avait pas les différences de but, donc si tu gagnais 4-0 à domicile et que tu perdais ensuite 1-0 à l’extérieur, il devait y avoir une belle. C’est comme ça que ça c’est passé pour la finale de Madrid et ça avait été une belle satisfaction, c’était fantasique de gagner dans une si belle ville, cette ville qui nous avait donc déjà porté chance." 

"Je me rappelle du match joué en Amérique du sud à Avellaneda, ce n’était pas une ambiance qui facilitait les choses. Maintenant, ce tournoi est vu d’un point de vue international, il ne se déroule plus à la maison de l’une ou de l’autre équipe, mais dans un pays qui reçoit les équipes avec beaucoup de courtoisie. C’est devenu un évènement médiatique, même s’il était déjà très important. Ça reste quelque chose de très beau. Mediatiquement, il y a peut-être quelques différences. Le football a changé, cependant l’émotion ne peut pas changer dans la vie, c’est un évènement qui était déjà émouvant et qui l’est encore maintenant."

Cet évènement peut-il peser sur vos plans concernant un éventuel changement ou renforcement de l’équipe pour le futur?

"Au-delà de la satisfaction de toutes les personnes qui travaillent pour l’Inter, cette Coupe du Monde des Clubs sera importante pour l’histoire de la société. Cependant, c’est le genre de compétition sur laquelle tu ne peux pas t’appuyer pour exprimer un jugement définitif sur certaines choses. Il faut la prendre telle qu’elle est, avec toutes les variantes possibles que le football te donne. Nos projets restent ceux-là. En ce qui concerne des éventuels achats, nous verrons en temps voulu, il faut voir en fonction des joueurs qui sont à disposition pour pouvoir y réfléchir. Je reste toujours sur l’idée que nous avons une grande équipe. De toute façon, nous verrons ce qu’il sera nécessaire de faire pour la faire devenir encore plus grande."

Dans vos dernières déclarations sur l’équipe, le mot récurrent a été « caractère » : en a-t-il manqué à l’équipe ?

"Non. Il ne me semble pas que ce soit une question de caractère. Peut-être que j’avais dit quelque chose de ce genre après le match contre la Juventus, ça plus le fait que nous devions faire preuve de plus de prudence. 

Lors de certains matchs, le résultat peut être convenable parce que ces rendez-vous sont dangereux. Je crois plutôt que le caractère est l’une des qualités de cette équipe, depuis toujours, nous en avons toujours fait preuve dans les instants difficiles. Chaque saison, nos derniers matchs ont été de vraies batailles. Ils ne doivent pas être joués seulement pour le prestige, ils doivent aussi être joués en se retroussant les manches, en cherchant à rester humbles et en étant prêt à chaque instant."

L’Inter a été la première équipe italienne à gagner la Coupe du Monde des clubs : comment sont considérés ces matchs comme la finale de Madrid et est-ce que ce sont des instants "normaux" dans l’histoire de l’Inter ou au contraire des moments d’exceptions?

"Je les ai toujours considérés comme étant "normaux", même lorsque nous ne jouions pas des matchs de ce genre. Je les considère comme étant des matchs à jouer pour l’Inter: parfois tu réussis à les atteindre, parfois non, mais de toute façon, c’est toujours dans notre potentiel. Ensuite, pour diverses raisons que nous avons vécues et qui font partie du football, tu ne réussis pas à les atteindre. Cependant, ces objectifs restent dans le potentiel et dans l’histoire de la société: vouloir et pouvoir les atteindre. L’émotion est présente, mais ce n’est pas une émotion extraordinaire. C’est une émotion reliée à ce qui peut être la croissance de la société à cet instant."

Vous êtes donc convaincu d’avoir une grande équipe, donc vous n’interviendrez-vous pas sur le marché ?

"L’équipe sera grande à tout prix (ndlr: il sourit). Je me base sur la confiance que j’ai en les personnes travaillant à mes côtés, comme Benitez par exemple. Ces choses ne me rendent pas optimiste, mais confiant. 

Cependant, si nous pouvons intervenir sur des choses intéressantes et utiles, je suis prêt à intervenir. Je sonderai l’entraîneur et nous déciderons ensemble."

Vous semblez faire la tête : y’a-t-il quelque chose qui ne va pas ?

"Je dois sourire constamment ? (ndlr: il sourit) Je trouve effectivement que cette conférence est trop sérieuse, alors que nous allons jouer une très belle compétition comme ce Championnat du Monde. Elle est sérieuse parce que nous sommes très respectueux lors de ces conférences. C’est ce que cela signifie. Rien de plus."

Comment ce Mondial représente-t-il un point d’arrivée et comment est-il un point de départ pour vos futurs objectifs ?

"C’est certainement un point d’arrivée, même si chaque chose doit servir de piédestal pour le futur. Cependant, c’est un point d’arrivée parce qu’il représente la marche la plus haute que tu puisses gravir dans le football. Ensuite, nous ne nous arrêterons naturellement pas là, cette compétition aura des conséquences sur le caractère, sur le moral et sur le fait que nous continuerons à repartir à un plus haut niveau. Nous avons des devoirs majeurs envers notre public. J’attends donc ce point de départ pour toute l’histoire de la societé, et c’est aussi un point d’arrivée important."

En cas de victoire au Mondial des clubs, combien de "pourcentage" en attribueriez-vous à José Mourinho ? Vous est-il arrivé de sourire devant Barcelone-Real ?

"Je vais répondre à la première question: le mérite en revient à toutes les personnes qui ont contribué à porter l’Inter afin qu’elle participe à ce tournoi. Mourinho fait donc partie de ces personnes car il nous a permis d’arriver à ce résultat. Je remercie aussi ce « garçon » (Javier Zanetti) qui est assis à mes côtés tout comme je remercie Benitez d’avoir amené l’équipe à un certain niveau de forme, malgré toutes les difficultés rencontrées, et de pouvoir disputer cette finale. En ce qui concerne le match de l’autre soir, je n’ai eu aucun sourire et je ne comprends pas pourquoi j’aurais du sourire. C’était un match lors duquel les deux équipes auraient dû être égales, mais dans lequel l’une des deux a produit un jeu tellement formidable et a réussi une soirée tellement incroyable qu’il n’y pas vraiment eu de match. Je l’ai vécu d’un point de vue de spectateur de football et beaucoup moins d’un point de vue émotionnel."

Si ce Mondial des Clubs avait été disputé fin Janvier, auriez-vous revu quelque chose en intevenant sur le mercato?

"Je suis sûr que vous parlez pour Benitez (ndlr, il sourit). Ce que je peux dire à propos du mercato, c’est que je ne me base pas sur une seule rencontre ou en prévision d’une finale, mais plutôt afin de construire au mieux l’avenir du club. Intervenir sur le mercato est une bonne chose mais il faut le faire utilement pour comprendre ce qu’il faut faire à la fin de l’année avec certains joueurs et comment il faut gérer l’équipe. Benitez voit cela de cette façon également, il me l’a très bien expliqué lui aussi. On ne veut pas boucher les trous, il faut commencer à construire l’avenir de l’équipe, et on ne doit pas forcément se baser sur les dernières années du club, il faut construire cet avenir normalement. Donc en Janvier, nous n’achèterons personne." (ndlr, rires)

Vous avez défini le Mondial des Club comme un objectif à atteindre pour l’Inter, un but à atteindre après vos quinze années sous la présidence du club. Je vais donc vous demander comment êtes-vous arrivé à construire une équipe qui peut potentiellement devenir le meilleur club du monde? Quels ont été les moments fondamentaux? Et la pensée doit-elle aller vers quelqu’un qui a été important durant ces quinze années ou bien a quelqu’un qui est parti trop vite...

"La réponse à la première partie de la question serait trop longue. Il faudrait en effet parler de tout ce qui s’est déroulé pendant ces années et comme je ne veux pas créer de polémique, je préfère dire que cela fait partie des difficultés de la vie. Dans les moments difficiles comme dans les meilleurs, si tu as de la chance, tu réussis à atteindre des objectifs très importants, comme l’Inter a pu le faire. Tout est dans l’ADN du club, qui n’a jamais eu peur d’obtenir d’importants résultats."

"Qu’est-ce qui déplaît en revanche? C’est de ne pas avoir certaines personnes qui ont énormément contribué au rayonnement du club et pas seulement d’un point de vue professionnel, également d’un point de vue affectif et émotionnel. Des personnes telles que Giacinto Facchetti et Peppino Prisco, des gens qui auraient vécu ce moment comme une récompense pour tout ce qu’ils ont fait. Quand je pense à Facchetti, c’était dans sa destinée d’atteindre cette satisfaction en tant que dirigeant, j’espère qu’il nous suit de là où il est et qu’il nous donnera toujours un coup de main."

Vous avez donné 6,5 à Benitez jusqu’à présent. Un éventuel succès au Mondial des Clubs pourrait-il augmenter cette note?

"De trois points et demi... " (ndlr: il sourit)

J’ai cru comprendre que vous aviez suivi le match Barcelone-Real Madrid sans avoir de préférence: je vous demande si, après avoir vu le Barca, vous avez pensé que votre Ligue des Champions valorisait encore plus votre victoire finale ou bien avez-vous pensé qu’il serait difficile de pouvoir la gagner à nouveau contre ces martiens?

"Nous avions perdu 2-0 à Barcelone lors de la phase de poules, et à ce moment-là, c’était déjà des martiens. Ensuite, nous avons pu les battre en demi-finale, dans un moment décisif. Le football n’est donc pas fait de prévisions. L’autre soir, j’ai vu une équipe qui était dans un jour sans. Nous sommes prêts à affronter aussi bien le Barça que le Real Madrid et nous le ferons quand ça sera le moment." (ndlr, rires)

Tout le monde est prêt pour voir l’Inter dans cette compétition: que voudriez-vous que l’Inter montre pendant ce Mondial?

"L’Inter est un club et une équipe fascinante. C’est un fait involontaire, mais les supporters qui suivent l’équipe sont conquis. Ce que je souhaiterais mettre en avant, c’est le fait que ce club s’appuie certainement sur des efforts économiques, mais en même temps énormément sur la passion de son public, de toutes les personnes qui en font partie, et en particulier sur les joueurs."

Dans sa récente interview accordée à Vanity Fair, Zlatan Ibrahimovic soutient que José Mourinho l’avait vendu à Barcelone sans lui donner d’explication.

"Peut-être qu’ils lui ont posé une question qui l’a amené à cette réponse. C’est une polémique en plus, mais elle a dû se présenter à lui par hasard. En tout cas, je le trouve très sympathique Ibrahimovic."

Il a dit qu’il était le meilleur du monde et qu’il était parti pour remporter la Ligue des Champions...

"Avec Ibrahimovic, tu t’attends à ce qu’il soit le meilleur. En ce qui concerne la conquête de la Ligue des Champions, je pense que et je suis presque sûr que c’est la plus grande satisfaction de tout le monde et de ses coéquipiers. (ndlr, il sourit) En fait, il a loupé son année."

Rédigé par Batista, BiscioneNerazzurro & p-h08 (Inter.it)