MOURINHO : "PAS LE TEMPS D'AVOIR DES REGRETS"

Jose Mourinho s'est exprimé en exclusivité pour Sportweek sur sa saison avec l'Inter Milan. L'entraîneur portugais évoque également sa vie italienne, le retour de David Beckham en Europe et ses années à Chelsea. Entretien.

Jose Mourinho, est-ce que vous ressentez une pression particulière d'avoir succédé à Roberto Mancini à l'Inter Milan alors que celui-ci a été remercié après avoir remporté trois titres de champion d'Italie et aucune Ligue des Champions ?

Jose Mourinho : "Non, je ne ressens aucune pression. Il y a toujours l'obligation de gagner des matches et des titres lorsque l'on entraîne un grand club. Et je compte bien en gagner avec l'Inter. Mes joueurs sont des gagnants donc je suis plutôt confiant. Si vous n'êtes pas capable de travailler sous pression alors vous n'êtes pas fait pour entraîner un grand club européen.

Qu'est-ce qui vous manque de l'Angleterre et que vous ne trouvez pas en Italie ?

L'engouement des supporters en Angleterre est énorme, même pour les clubs les plus modestes. Ce n'est pas forcément le cas ici. En Angleterre, l'équipe peut être reléguable et la météo glaciale, il y aura toujours du monde dans les tribunes pour encourager le club. Ca m'a toujours impressionné.

Est-ce que la vie est plus calme en Italie, notamment par rapport aux médias ?

Le problème n'est pas de savoir si on entraîne Chelsea, Barcelone ou l'Inter Milan. Quand vous travailler pour un grand club, la presse est toujours là pour écrire des choses sur vous et sur votre équipe. Ca fait partie du boulot et vous devez faire avec.

Dans quelle ville vous sentez-vous le mieux, Londres ou Milan ?

J'aime les deux. J'ai beaucoup de chance de pouvoir pratiquer mon métier à Milan et d'avoir pu le faire durant des années à Londres. Je ne me sens pas capable de dire où je me sens le mieux. Ma femme adore faire du shopping à Londres comme à Milan.

Le niveau de la Premier League est de loin supérieur à celui de la Serie A, et l'écart ne cesse de se creuser. Etes-vous d'accord avec ça ?

C'est vrai que les clubs anglais dominent les compétitions européennes depuis quelques années. C'est à nous en Italie, mais aussi en Espagne, d'essayer d'inverser cette tendance. Il y a eu une époque où les clubs italiens étaient les meilleurs en Europe et je travaille pour que ce soit de nouveau le cas.

Quelle est votre impression sur l'arrivée de David Beckham au Milan AC ?

Il a montré à tout le monde qu'il avait encore beaucoup à apporter au football. Ceux qui disent le contraire ne peuvent pas prétendre l'avoir vu jouer au Milan AC. C'est un grand joueur et un bon garçon.

De ce que vous avez vu de lui cette saison, pensez-vous que Kaka vaut les 108M€ que certains clubs sont prêts à mettre pour lui ?

Quand vous êtes entraîneur, vous voulez juste faire venir chez vous les joueurs que vous avez repérés. C'est au président et aux agents de négocier le montant du transfert et le salaire. Si Mark Hughes veut Kaka et que son président est prêt à mettre ce prix là, je ne vois pas où est le problème. La seule chose qui doit préoccuper un entraîneur, c'est de gagner.

Jose Mourinho et Adriano-Photo : DPPI / Flash Press

Suivez-vous toujours de près les performances de Chelsea ?

Bien sûr, Chelsea aura toujours une place particulière dans mon coeur. Je leur souhaite de réussir parce qu'il y a des gens biens là-bas.

Avez-vous été surpris du peu de temps laissé à Luiz Felipe Scolari pour réussir à Chelsea ?

Je ne connais pas toute l'histoire entre lui et Chelsea. Scolari est un entraîneur qui a à son actif de grandes victoires. Nous savons que nous disposons de peu de temps dans les grands clubs pour obtenir des résultats.

Scolari aurait été victime de son impopularité au sein du vestiaire, auprès des joueurs. Pensez-vous que les joueurs ont trop de pouvoir dans le football moderne ?

Non, si vous traitez les joueurs avec respect, vous aurez leur respect en retour. Et quand ça se passe mal entre les joueurs et un entraîneur, il faut que quelqu'un s'en aille.

Quel est le secret pour préserver l'unité au sein du vestiaire et laisser l'égo de côté ?

On peut être ami avec les joueurs mais ils doivent toujours savoir qui est le boss. C'est aussi simple que ça, ils doivent toujours savoir qui est le responsable.

Après 18 mois, regrettez-vous d'avoir quitté Chelsea ?

Non, j'ai passé de très bons moments à Chelsea mais maintenant, je travaille pour un autre grand club européen. Je veux gagner d'autres titres nationaux et une autre coupe d'Europe. Je me sens privilégié d'être à l'Inter Milan.

Quel match vous a procuré le plus de satisfaction durant votre carrière ?

Remporter la Ligue des Champions en 2004 avec le FC Porto. Il n'y a pas mieux que de remporter des titres et personne ne pensait qu'un club comme Porto pourrait remporter la Ligue des Champions.

Et votre plus grand regret...

Je n'ai aucun regret. Si vous n'avez pas encore atteint un objectif, vous devez recommencer et trouver le moyen de réussir. Je n'ai pas le temps d'avoir des regrets."

Propos recueillis par Ben Fairthorne (Sportweekfoot.fr)