En 2010, l’Inter Milan est venu démontrer que l’impossible n’existait pas dans le football. Sous la coupe de José Mourinho, les Nerazzurri ont soulevé la Ligue des Champions à la surprise générale après un parcours héroïque. L’histoire devait être corrigée… peu importe le prix à payer. « Il y a plus de quarante ans que l’Inter ne gagne pas la Ligue des Champions. Mais pour nous ce n’est pas une obsession, c’est un rêve. La seule chose qui compte pour nous c’est de réaliser le rêve de l’Inter Milan. J’ai déjà gagné la Ligue des Champions une fois, j’aimerais le refaire. Et puis cette génération ne l’a jamais gagnée, c’est un rêve pour tout le monde. » La fée Mourinho est en marche.
Nous sommes en 2008. Après avoir métamorphosé Chelsea en une véritable machine de guerre, José Mourinho décide de rejoindre l’Italie : l’amour aura duré trois ans entre les Blues et le Portugais. La réputation du badboy en poche, José est en quête d’un nouveau défi. L’Inter Milan se présente à lui. José lance l’opération séduction dès son arrivée. « Notre premier contact, c’était le jour de sa signature à l’Inter, raconte Javier Zanetti. Il m’a appelé au téléphone. Ça m’a beaucoup surpris parce qu’il m’a dit : « Je viens de signer avec l’Inter. Je serai ton prochain entraîneur. » Il parlait déjà l’italien. Cela démontre toute son intelligence. » Mieux, le Special-One s’amuse à faire le pitre pour sa première conférence de presse à Milan et utilise un dialecte local, le lombard, afin d’imposer sa patte. Ne rien laisser au hasard, toujours surprendre, voici le secret de la méthode Mourinho.
« Pour être le meilleur, il faut battre les meilleurs. »
À cette époque, Javier Zanetti a 34 ans, tout comme Marco Materazzi, Dejan Stankovic 30. Mourinho ajoute du sang neuf à cette équipe en s’offrant Diego Milito, Goran Pandev et Lucio, en plus de Samuel Eto’o et Wesley Sneijder. Le Special-One a constitué son bataillon. Il est désormais prêt à livrer bataille. L’Inter termine second de sa poule et accède aux 1/8e de finale face à Chelsea. José retrouve les Blues. Comme un signe. Par deux fois, il s’offre le scalp de son ancienne équipe. Carlo Ancelotti est à terre. Le match suivant, l’Inter élimine le CSKA Moscou pour retrouver Barcelone. Un nouveau signe.
Depuis l’arrivée de Pep Guardiola à la tête du Barça, le club catalan survole la planète ballon rond en imposant son style aux yeux du monde. L’idée d’être la première équipe de l’histoire depuis l’AC Milan à remporter par deux fois d’affilée la Ligue des Champions en tête. Seulement voilà, une nouvelle fois, José le sorcier fait déjouer les plans de son adversaire. À la surprise générale, les nerazzurri s’imposent au match aller (3-1) grâce à des buts de Sneijder, Maicon et Diego Milito. Un véritable chef d’œuvre tactique. Désormais, il reste encore une guerre à mener au Camp Nou. Résister aux assauts d’un Barça en quête de rachat sous les yeux de son public n’est pas chose facile. Réduit à 10 pendant plus d’une heure après l’expulsion de Thiago Motta, le club lombard ne rompt pas. La mélodie jouée par les hommes de José Mourinho est parfaite, le temps s’arrête, Pep Guardiola cherche des solutions au bord de la touche : le Catalan n’en trouvera pas. Au bout du suspense, l’Inter s’ouvre les portes de la finale. L’exploit est immense. Le petit adjoint est au sommet. « C’est le plus beau jour de ma carrière, plus beau encore que mon premier match de championnat ou ma première Ligue des Champions. Qu’ils gardent le ballon, nous on va en finale. »
Plus qu’une victoire
Face au club qui ne voulait pas de lui et qui avait opté pour Pep Guardiola à sa place, ce club aussi, qui avait viré son mentor, Bobby Robson sous ses yeux, le Portugais s’offre alors une danse avec l’histoire. Cette blessure narcissique qui ne se refermera jamais totalement vaut bien un tour de piste mémorable. Les plus médisants peuvent bien crier au salop. Le héros, c’est celui qui vit sa vie pleinement, dans les grands et les petits moments. « Il nous avait montré un Power Point qui résumait sa philosophie du football, soulignait l’ancien vice-président du Barça, Marc Ingla. Il voulait révolutionner notre système de jeu et il nous a même expliqué qu’il voulait Guardiola ou Luis Enrique en tant qu’adjoint. Mais on a finalement choisi Guardiola car Mourinho nous a prévenu qu’il ne changerait pas d’attitude avec les médias. »
Tout dans le style, la dégaine, la pose et la paye. Mourinho : c’est le son pour les sales gosses. En finale, José retrouvera l’un de ses mentors, Louis Van Gaal. Avec Barcelone, les deux hommes ont remporté 2 championnats d’Espagne, une Coupe du Roi et la Supercoupe UEFA. L’occasion est donc venue pour le Portugais de dépasser son maître. Deux buts de Diego Milito permettent à l’Inter de soulever la 3ème Ligue des Champions de son histoire. Le rêve est devenu réalité. « J’avais très envie de gagner la Ligue des Champions et encore plus avec ce groupe de joueurs. Les voir travailler autant me faisait un peu de peine pour deux raisons : d’abord parce qu’ils n’étaient pas les meilleurs et devaient donc travailler encore plus que les autres. Ensuite, parce que tous avaient connu beaucoup de frustrations durant leur carrière. Tous ces grands joueurs avaient beaucoup gagné en Italie mais en Europe ils n’avaient même pas joué un quart de finale de Ligue des Champions. »
Vidé par les saillis d’un autre pour qui la provocation est un art, Guardiola doit partir se ressourcer à l’issue de la saison (2011-2012) avant de rejoindre Munich. « Je m’en vais parce que je suis vidé. Le temps use et je suis usé. J’ai maintenant besoin de me remplir. Je pense sincèrement que celui qui me succédera pourra donner des choses que je ne peux plus donner. Pour être assis ici en salle de presse, tous les trois jours, l’entraîneur doit se sentir fort, avoir de la vie, de la passion. Je dois récupérer cette passion et cela ne se récupère qu’en prenant du recul et en se reposant. »
« Viens Pep, je t’attends », murmura José quand il appris la rumeur d’une arrivée du Catalan sur ses terres, l’air malin et le sourire aux lèvres. Les retrouvailles entre deux légendes, il ne manquait plus que ça.
Article rédigé par P.R pour Onze Mondial et le site mensquare.com (photos: zimbio.com)
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