RONALDO: SON DERBY A LUI

MILAN - C’était un retour chargé d’émotion: celui de Ronaldo, qui a disputé la première mi-temps de son Derby personnel lundi après-midi, lorsqu’il s’est rendu aux quartiers généraux de l’Inter. "Je voulais voir de mes propres yeux la Coupe, l’authentique : La Ligue des Champions, mais elle n’était pas là. On m’a expliqué qu’elle faisait le tour du pays". Puis des embrassades avec d’anciens amis, notamment Marco Tronchetti Provera et Massimo Moratti, l’homme qui désirait (vraiment) le faire venir en Italie. "Le Président est l’une des personne les plus importantes de ma vie, il va bien et c’est toujours un plaisir de le voir gagner". 

Sa seconde mi-temps s’est jouée lundi soir, lorsque Ronaldo a rendu visite à Seedorf au restaurant Finger’s. Il a aussi diné avec Giovanni Branchini et Davide Bega, qui sont pour lui comme un père et un frère, et non pas un agent et un conseiller personnel. Après des retrouvailles avec son ancien coéquipier Fabio Galente, Ronaldo en a profité pour boire un verre avec Robinho. 

Puis vint la première mi-temps des prolongations : Un coup de fil d’Adriano Galliani, "J’étais aimé au Milan, et les dirigeants ont toujours été corrects avec moi". La seconde mi-temps des prolongations l’a vu saluer Pato à son hôtel. Puis pour finir, en guise de séance de tirs aux buts, Ronaldo ne pouvait omettre de rendre visite à son ami Graziano, afin de déguster ses "fried shrimps" . Une obligation pour le Brésilien, de retour dans la ville de Milan, celle qui a consacré Il Fenomeno. 

Internazionale.fr vous livre les propos de celui qui a fait aimer l’Inter à de nombreux gamins, celui qui nous a fait pleurer en se blessant, celui qui nous laissera toujours ce petit goût d’amertume pour avoir signé chez l’ennemi rossonero tout en restant dans la plupart, si ce n’est dans tous les coeurs nerazzurri.

Ronaldo, qu’est-ce qui vous manque le plus à Milan (La Ville, pas le club) ?

"Les amis et le sentiment de revenir à la maison. J’ai toujours été aimé ici à Milan. Ce n’était pas le cas à Madrid, ni à Barcelone."

Milan vous manque-t-elle plus que l’Italie ?

"Quels souvenirs m’ont le plus marqués en Italie ? J’ai toujours été respecté par tout le monde, quelle que soit l’équipe que les personnes supportaient."

Et à l’Inter ? Et au Milan ?

"A l’Inter, la famille Moratti me manque. C’est la famille qui est liée à l’Inter et qui le restera encore de nombreuses années, c’est d’ailleurs ce que tout le monde m’a dit, Leonardo aussi. Au Milan AC, j’ai particulièrement été frappé par la structure et le professionnalisme du club."

Ce que vous avez fait, ça a énervé Moratti ...

"Oh, je sais. Nous en avons parlé. Mais ça remonte à loin maintenant ..."

Si vous aviez à nouveau le choix, vous feriez la même chose ?

"Je voulais revenir à l’Inter et c’est quelque chose que j’ai longtemps espéré."

Oui, mais en allant au Milan, vous ne vous doutiez pas que vous alliez être perçu comme un traître ?

"Milan m’a offert une chance. A l’époque, c’était un sacré challenge pour moi. Là-bas, j’ai recommencé à me laisser pousser les cheveux ... Berlusconi me disait toujours qu’avoir les cheveux longs donnait l’impression que j’étais plus jeune et meilleur. Dommage que je me sois blessé si grièvement, mais c’était amusant, bien que court."

Aujourd’hui en Italie, c’est peut-être un peu moins amusant car notre football traverse des moments difficiles, pour ne pas dire une crise. Vous qui suivez cela de loin, avez-vous cette impression ?

"Peut-être que le niveau est un peu moins fort mais le Calcio est bien plus propre."

Vous faites référence au Calciopoli ?

"Je fais référence aux choses que j’ai apprise plus tard, après avoir quitté l’Italie. J’ai gagné si peu avec l’Inter, moins que ce que j’aurais dû."

Des regrets ?

"Disons que ce qui s’est passé le 22 mai 2010 m’a un peu réconforté. J’aurais bien aimé être là-bas moi aussi, dans le sens où j’aurais adoré ressentir une telle joie avec le maillot de l’Inter. Néanmoins, j’étais très content pour Moratti, pour les fans et pour mes anciens partenaires. Ils ont attendu cela si longtemps et ils méritaient leur victoire, surtout après avoir éliminé Barcelone."

Mourinho ou Guardiola ?

"Je dirais Mourinho, que j’ai appris à bien connaître lorsqu’il était à Barcelone. Il faisait du bon boulot là-bas mais j’avoue que je n’imaginais pas qu’il ferait une telle carrière."

Que pensez-vous de Leonardo ?

"Nous avons joué ensemble durant la CDM 98 et depuis, nous sommes amis. Il a fait la même chose que moi puisque c’est un Milanista qui a dit oui à l’Inter. Nous voulions tous les deux relever ce genre de défi, et faire preuve de courage face aux critiques qui nous taxaient de "traîtres"."

Que vous a-t-il confié ?

"Qu’il était heureux, très heureux de son choix."

Quel est son véritable secret ?

"C’est quelqu’un de simple, de très intelligent. Il excelle dans la gestion des relations humaines. Il sait comment se comporter avec les gens et ses joueurs, et il réussira au final."

Du coup, l’Inter peut-elle gagner encore plus avec Leo à sa tête ?

"Je ne suis pas à l’Inter donc je ne peux que juger d’un point de vue extérieur, en me basant sur ce qu’on m’a dit. J’ai cru comprendre que le groupe avait perdu le bonheur de jouer et la motivation sous Benitez et qu’il a retrouvé tout ça avec Leo. Obtenir des résultats était donc la suite logique."

Que pensez-vous de Pato ? Certains le voient comme votre successeur.

"Pato a des qualités exceptionnelles, mais c’est encore un gamin. Il peut devenir très bon dans le futur mais ne le considérez pas comme un attaquant de pointe car ce n’en est pas un."

Vous qui êtes un attaquant de pointe, pensez-vous que Silva peut devenir le meilleur défenseur au monde ?

"Il est déjà très fort et je pense qu’il peut devenir le nouveau Maldini. C’est un joueur à même d’intégrer l’histoire du Milan AC."

Maintenant, parlez-nous comme un coach: qui préféreriez-vous avoir dans votre équipe, Eto’o ou Ibrahimovic ?

"Les deux, non ?"

Non, vous ne devez en choisir qu’un seul..

"Instinctivement, je dirais Ibrahimovic, parce qu’il a plus d’imagination, il est plus imprévisible. Mais personne n’a gagné autant qu’Eto’o, personne ne sait comment remporter les matchs qui comptent comme Eto’o."

Donc ?

"Donc, je les prendrais tous les deux."

Allegri aimerait bien récupérer Ibrahimovic pour le Derby. Quelle absence sera la plus préjudiciable: La sienne ou celle de Lucio ?

"Ce sont tous les deux des joueurs très importants mais je pense qu’à l’heure actuelle, Milan a vraiment besoin d’Ibrahimovic."

Votre plus beau Derby ?

"Probablement le 3-0 avec l’Inter "chez eux". Le lob sur Rossi avec la passe de Moriero. Il y’a également eu le Derby où j’ai marqué pour le Milan, mais nous avions finis par perdre, et un match où il y’a défaite au bout n’est jamais un bon souvenir."

Je veux une réponse directe : qui va gagner le Derby ?

"Un Derby reste un Derby ..."

Non, non, je veux un vainqueur.

"Ok, alors je dirais l’Inter parce qu’ils ont trouvé leur jeu et par-dessus tout, la confiance. Je constate que l’Inter a plus de sérénité que le Milan et ça peut compter."

Si l’Inter remportait le Derby, ils deviendraient favoris pour le titre ?

"C’est difficile à dire car il restera 7 matchs à disputer, mais je pense que oui."

Malgré le fait qu’elle soit encore engagée en LDC ?

"Vous savez ce que Leo a dit ? Gagner t’aide à gagner plus. C’est très difficile mais également très beau. L’Inter gagne après avoir produit énormément d’efforts. Ils ne souhaitent pas s’arrêter là. "

Rédigé par Batista & p-h08 (Gazzetta Dello Sport)