Milan - Une nuit en juillet, à 3h30, j’étais en soirée à la Pineta. Je vois de la lumière dans ma poche, c’est le téléphone. C’est Moratti…
M: "Ciao Bobo, écoute je suis avec Marco Tronchetti Provera…"
V: "Président, ne me dis pas qu’on va parler de Ronaldo ?"
M: "Il veut partir…"
V: "N’y pense même pas, tu ne peux pas le vendre. Tu vas mettre la pagaille !"
M: "Il ne s’entend vraiment pas avec Cuper"
V: "Mais les problèmes se ressoudent…Il veut changer. Ne faisons pas de conneries. En plus maintenant qu’il est bien. Mais tu l’as vu à la Coupe du monde ? Non président, je te connais, arrête ça parce qu’on va aller mal, les tifosi vont s’énerver et te le reprocher, et ensuite tu vas limoger l’entraineur après 3 journées. Tu te souviens de Lippi ? Alors fais une chose, vends moi, qu’est-ce que je dois faire ici, à ne rien gagner ?"
M: "Non Bobo tu ne partiras pas, tu es l’idole du public, nous sommes toi et moi contre tous. Tu verras qu’on fera une grande équipe…"
Ces déclarations me touchèrent beaucoup, Moratti était sincère. Il m’a fait sentir important et me donna la force pour regarder de l’avant. Mais j’étais triste. Avec Ronaldo j’étais comme un dieu. Dans la vie je ne me suis jamais senti inférieur à aucun de mes coéquipiers, mais avec lui c’était différent. J’étais un cran en dessous, il Fenomeno était il Fenomeno, sinon on l’aurait appelé le Bidone. Il m’a toujours fait passer pour un grand frère. Quand son genou sauta, j’allais souvent le voir.
Après l’opération il était en larmes: "Bobo je ne remonterai plus sur un terrain, je le sens". Mon cœur se serra : "Ronie, tu reviendras plus fort qu’avant, j’en suis certain. Tu joueras et tu feras rêver"
Il n’a jamais oublié mes visites, et me l’a fait comprendre diverses fois. Par exemple lorsqu’à Piacenza en 2001 un penalty fut sifflé pour nous dans les dernières minutes, pour une faute sur lui, je pris la balle et lui donna, c’était lui le tireur. "Tire le toi Bobo", me dit-il, "comme ça tu gagnes le classement des buteurs" Je savais qu’il y tenait beaucoup et avec ce geste il voulait me dire qu’il était avec moi, que ma joie était sa joie. Je ne l’ai pas accepté, mais je suis certain qu’il me l’aurait vraiment laissé.
Quand il partit j’ai eu du mal à me convaincre d’avoir un futur à l’Inter.
Ronaldo, c’est sûr, n’avait pas digéré Cuper. Si on lui donnait un ballon à protéger, il était capable de rester sur le terrain deux jours de suite, mais il était un peu paresseux et quand on devait courir il devenait fou.
Pour le coach c’était le même pour tout le monde, on devait tous courir et Ronaldo devait s’y faire
J’avais une grande estime en Cuper, mais il y a des joueurs auxquels tu ne dois rien dire. Ronaldo était une chose à part. Nous, oui, on avait besoin de s’entrainer, lui non, c’était le Football, il était un martien, il était le Fenomeno
Fabio Ferraro
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