ZANETTI: "JE N’AI PAS ENCORE ENVIE DE DIRE STOP"

MILAN - La légende Javier Zanetti continue. En effet, le capitaine de l’Inter va jouer son 1000ème match professionnel (le 748ème sous le maillot nerazzurro) ce mercredi lors du match retour de la Tim Cup entre l’Inter et l’AS Roma. Lors d’une interview accordée à la Gazzetta Dello Sport, Zanetti revient sur différents évènements de sa carrière, une carrière qu’il n’est pas encore prêt d’arrêter.

Internazionale.fr a le plaisir de vous proposer les déclarations du Capitaine nerazzurro:

A quelques heures du 1000ème match de votre carrière, que voyez-vous lorsque vous regardez en arrière?

"Le visage de mon père, Ignacio Rodolfo. La veille de mes débuts en professionnel, nous étions tous les deux à la maison lui et moi. Je dois admettre que je n’avais dormi que quelques heures cette nuit-là, tout comme la veille de la finale de Madrid, pourtant je suis quelqu’un qui dort toujours la veille d’un match."

Allez-vous encore penser à votre père lors de ce match?

"Je pense toujours à mon père: il était maçon et nous a appris à mon frère et à moi les valeurs de certaines choses et je me sers toujours de ces valeurs lors des moments difficiles. Je me rappelle l’avoir aidé dans son travail, plus tard j’ai aussi aidé mon frère Sergio qui était facteur, ou mon cousin Carlo qui livrait du lait. Mon père m’a appris à comprendre la vie."

Revenons à ton premier match...

"C’était en septembre 1992 à Buenos Aires en Nacional B, c’était un match de la troisième journée de championnat à 17h00. Nous jouions à domicile dans un très petit stade avec environ 5000 supporters, c’était à Talleres de Cordoba. Le match s’était terminé sur le score de 2-1 pour nous et j’avais joué 90 minutes sur le coté droit dans un milieu à trois."

Et moins de trois ans après, vous êtes arrivé à l’Inter...

"Le Président Moratti et son fils m’avait déjà découvert sur une cassette vidéo où je jouais avec la sélection des moins de 21 ans à Pan American. Ensuite, Giovanni Branchini et Paolo Taveggia, qui étaient tous deux en Argentine pour Rambert et Ortega, m’ont vu lors du match Banfield-Gimnasia La Plata et j’ai signé à l’Inter par la suite. J’étais en Afrique du Sud pour y disputer un match amical avec l’Argentine (le 15 mai 1995) et le sélectionneur argentin m’a dit "l’Inter t’a choisi"..."

Et toi?

J’ai ensuite appelé mon agent, Filippo Cavadini, et il m’a tout confirmé: "nous travaillons dessus" Il y avait 10 membres de Banfield et il n’y avait toujours pas d’accord cinq jours après. Il a donc téléphoné au Président de la Fédération Argentine, Grondona, et lui a dit: "vous avez dix minutes pour trouver une solution, le garçon doit partir pour l’Italie"..."

Le garçon est donc arrivé en Italie et il y est toujours 16 ans et 1000 matchs plus tard. Quel est votre sentiment à l’égard du temps qui passe?

"Je vis avec sérénité, j’apprécie chaque session d’entrainement, chaque match. Je me sens heureux tous les jours. Je sais qu’un jour, je devrais dire stop, assez c’est assez, mais je n’y pense pas encore pour le moment."

Est-ce que cette heure viendra en 2013 lorsque votre contrat sera expiré?

"Si à ce jour, je me sens encore comme je me sens aujourd’hui, ce sera même peut-être pour plus tard."

Avez-vous peur de faire une erreur?

"Je sais que le plus important est de me retirer lorsque je sentirais que ce sera le moment de le faire. Je saurai quand ce sera le moment. J’espère rester ici, avec un rôle qui rendrait tout le monde heureux: l’Inter et moi-même. Mais ce rôle ne sera pas celui d’entraineur."

De quel entraineur avez-vous appris le plus?

"J’ai appris des choses de la part de tous, mais Bielsa m’a appris la meilleure façon de vivre et de jouer au football."

Pouvez-vous nous dire quel a été votre meilleur match parmi ces 1000?

Peut-être la finale de la Coupe de l’UEFA en 1998 contre la Lazio à Paris. Et probablement aussi mon premier match avec l’Inter contre Vicenza."

Et votre pire?

"Inter 3-5 Lazio (le 18 octobre 1998): Conceicao m’avait rendu fou."

Quel match voudriez-vous rejouer?

"Le Lazio-Inter du 05 mai 2002... Je ne comprends toujours pas ce qui est arrivé ce jour-là."

Quelle victoire vous manque-t-il?

"Un titre avec l’Argentine, mais en juillet prochain, il y’a la Copa America à la maison..."

Quel adversaire a été le plus fort?

"Je dirais qu’il y’en a eu deux: Ryan Giggs et Kaka."

Votre premier camarade de chambre?

"Benny Carbone lors de la mise au vert à Cavalese, et Roberto Carlos à Pinetina."

Et le dernier?

"Je suis souvent avec Cordoba, mais il est blessé en ce moment et je vais donc partager ma chambre avec Nagatomo avant Inter-Roma."

La sensation que vous ne pourrez jamais oublier?

"Notre Curva à Madrid: j’en avais déjà la chair de poule avant le coup d’envoi."

La fois où vous avez été le plus en colère?

"Juve-Inter en 1998 avec Ceccarini comme arbitre."

Les larmes que vous n’avez pas pu retenir?

"Après le second derby lors des 1/2 finale de la Champions League en 2003: je n’avais jamais vu le San Siro comme ça cette nuit-là et je ne l’ai toujours pas revu depuis."

La déclaration qui vous a accompagnée à travers les années?

Giacinto Facchetti m’a dit un jour: "Javier, il n’y a pas de victoire sans sacrifice.". Giacinto parlait très peu mais ses mots étaient comme des pierres."

Ce que vous n’avez jamais dit mais que vous auriez aimé dire?

J’aurais aimé expliquer ma dispute avec Hodgson (après la finale de la Coupe de l’UEFA du 04 mai 1997 perdue par l’Inter contre Schalke 04). Pas à lui parce que nous savons tous les deux ce qui s’est passé et que nous nous sommes ré-embrassés par la suite après ça, mais pour mettre les choses au clair avec ceux qui pensaient savoir ce qu’il s’était réellement passé ce soir-là."

Vous allez joué ce match historique contre la Roma, qui est l’adversaire contre lequel vous avez le plus marqué dans votre carrière. Est-ce un signe du destin?

"Le plus de buts mais un seul sur pénalty (en SuperCoupe d’Italie en 2008) depuis le début de ma carrière. J’aimerais marquer contre la Roma, ce ne serait pas un mauvais moyen de célébrer ce 1000ème match."

Vous êtes-vous déjà senti fatigué en 999 matchs?

"Peut-être après la finale de Madrid, lorsque l’adrénaline avait atteint des sommets pendant deux semaines avec le Scudetto, la Champions League et la Coupe d’Italie obtenus tous à la suite. Mais croyez moi, je suis largement plus fatigué lorsque je joue un match avec mes enfants Sol et Ignacio..."

Rédigé par p-h08 (Gazzetta Dello Sport)